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Alors que l'Africa Investment Forum préparait sa 4e édition en cours à Marrakech avec comme thème principal « Libérer les chaînes de valeur de l'Afrique », le fonds d'investissement privé marocain à vocation panafricaine, Al Mada, a concrétisé un partenariat important avec le chinois CNGR, producteur de composants pour les batteries électriques. Le bénéfice est double : cette joint-venture place le royaume chérifien dans une chaîne de valeur à haute portée mondiale et signale la volonté forte du Maroc d'être présent dans le segment industriel de l'automobile où il est déjà le premier constructeur africain avec son presque million d'unités par an. CNGR n'est pas une entreprise banale.
Fondée en 2014 et cotée à Shenzhen, elle est, avec une part du marché mondial de 23 % et des clients comme Tesla et LG Chem, le leader mondial dans son créneau. Qu'une entreprise de l'empire du Milieu vienne s'installer industriellement en Afrique n'est pas chose courante. L'explication réside dans la volonté de l'entreprise d'avoir une base solide qui lui permette de fournir ses marchés en Europe et en Amérique principalement, et accessoirement toutes les zones autour. Et le Maroc qui a déjà deux constructeurs de voitures électriques ne sera pas en reste. Thorsten Lahrs, son président pour l'Europe, s'est confié au Point Afrique pour en dire plus.
Le Point Afrique : La CNGR est avec Al Mada dans un projet important conjuguant industrie et préoccupation du changement climatique. Que pouvez-vous nous en dire ?
Thorsten Lahrs :Al Mada travaille à l'émergence d'une économie moderne et à l'amélioration des conditions de vie tout en s'inscrivant dans une perspective de développement à long terme. Cela s'inscrit parfaitement dans la perspective de CNGR qui est en train de construire des chaînes d'approvisionnement mondiales pour les matériaux de batteries. En unissant nos forces, nous aurons encore plus de force de frappe, ce qui est indispensable pour mener à bien ces projets complexes.
Quels sont les montants d'investissement en jeu ?
L'objectif est de produire des matériaux de batterie pour plus de 1 million de véhicules électriques par an, avec annuellement 120 000 tonnes de précurseurs de matériaux actifs pour cathodes (CAM), 60 000 tonnes de lithium, fer, phosphate (LFP), et 30 000 tonnes de recyclage de la black mass. CNGR détiendra 50,03 % des parts de la coentreprise, tandis qu'Al Mada en détiendra 49,97 %. Les opérations seront situées à Jorf Lasfar et les investissements atteindront environ 2 milliards de dollars.
Pourquoi le Maroc et pourquoi un partenaire comme Al Mada ?
Le Maroc est l'endroit idéal pour se rapprocher de l'Amérique du Nord et de l'Europe grâce aux accords de libre-échange en place. La logistique est favorable, il y a suffisamment d'expérience industrielle et même de matières premières. Les procédures d'autorisation sont beaucoup plus raisonnables qu'ailleurs.
Al Mada est un partenaire commercial expérimenté qui jouit d'une grande réputation au Maroc et dans la région. Il est en relation avec toutes les parties prenantes au Maroc. Ce sont les éléments qui nous manquent.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés en termes de production et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ?
L'industrie des batteries est depuis quelque temps sous les projecteurs de l'opinion publique et de son statut ESG. Nous travaillons intensivement pour répondre aux attentes internationales et nous serons une partie importante de l'effort global pour créer un monde sans émissions de CO2.
Quelles conditions vous encourageraient à choisir de vous installer dans un ou d'autres pays africains ?
Nous sommes actifs dans d'autres pays d'Afrique, à la recherche de nouvelles opportunités. L'Afrique étant un vaste continent, les conditions varient considérablement. Il est donc difficile de décrire l'ensemble des conditions à remplir. Nous sommes très flexibles, nous nous adaptons aux différentes circonstances et nous sommes généralement assez rapides, ce qui nous permet de saisir les opportunités qui se présentent tout en les recherchant.
Quel autre pays ou quelle région avez-vous en vue ?
Le Maroc est un grand pas pour nos clients situés en Amérique du Nord et en Europe. Nous développons, par exemple, un site supplémentaire en Finlande, principalement pour l'Europe, et (comme nous l'avons déjà mentionné) nous travaillons sur d'autres options dans toutes les régions susmentionnées. L'industrie des batteries s'établira ici comme elle s'est établie en Asie plus tôt, et nous serons là aussi.