#MeTooHopital : les victimes témoignent sur les réseaux sociaux

À la suite des révélations de la professeure Karine Lacombe visant Patrick Pelloux, plusieurs victimes ont témoigné sur X (ex-Twitter).

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Au lendemain de l'enquête de Paris Match et des révélations de la professeure Karine Lacombe à l'encontre de Patrick Pelloux, urgentiste et ex-chroniqueur de Charlie Hebdo, le hashtag #MeTooHopital cumule, sur X (ex-Twitter), des dizaines de témoignages similaires de membres du personnel soignant.

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« J'ai été interne puis externe dans les années 1990. J'ai vécu mon lot de gestes déplacés et d'agressions (pelotage de seins, baisers forcés dans des ascenseurs), mais ce qui m'a le plus pesé était le climat permanent de micro-agressions en toute impunité », commence @DIntubator, une praticienne, dans un thread sur X qui va bientôt atteindre un million de vues.

À LIRE AUSSI #MeToo à l'hôpital, accusations contre Patrick Pelloux : Roselyne Bachelot prend la paroleÀ l'aide du hashtag #MeTooHopital, la médecin témoigne de ses années aux urgences à subir le manque d'intimité, les remarques déplacées, la pression sociale et le risque d'être ostracisée si, en tant qu'interne, elle osait se plaindre. Mais son témoignage est loin d'être le seul : dans les commentaires, mais également dans de nombreux autres tweets, les hommes et femmes soignants dénoncent et témoignent d'années de silence à endurer de nombreux comportements déplacés, voire illégaux.

Les témoignages se multiplient

Le 10 avril dernier, Karine Lacombe a accepté de confirmer à nos confrères de Paris Match l'identité du « médecin prédateur » qu'elle dépeint dans son livre Les femmes sauveront l'hôpital, paru en 2023 (Stock). Il s'agirait donc de Patrick Pelloux, à qui le président François Hollande a remis la Légion d'honneur pour son rôle dans les attentats qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo. Depuis ces révélations, de nombreux praticiens décrivent un climat sexiste, voire violent, dans les hôpitaux français.

« J'ai vécu de la violence sexuelle en stage, confie ainsi Zoé alias @Dr_Zoe_ sur X. Je l'ai très mal vécue, j'avais subi des choses terribles dans ma vie perso dont je n'avais pas encore parlé à cette époque, ça me ravivait des traumas. J'ai failli arrêter à cause de ça. » Insultes, humiliations devant des patients, remarques déplacées et sexuelles, Zoé raconte ses années de stage traumatisantes et le silence qui entourait ces actes, pourtant réalisés en public.

« Dans un des services, un médecin était un agresseur notoire. Il était connu pour toucher les parties intimes des étudiantes, parfois les plaquer contre des murs et les embrasser de force. On nous conseillait de ne jamais être seules en sa présence. Tout le monde savait », insiste la praticienne, qui décrit dans la foulée une tentative d'agression sexuelle à laquelle elle est parvenue à échapper de justesse, non sans un traumatisme encore persistant.

Les violeurs ne sont malheureusement pas des monstres. Ce sont nos collègues, nos meilleurs potes, nos frères.Éloïse Nguyen-Van Bajou

Grâce au hashtag #MeTooHopital, des récits similaires se multiplient, venant de médecins qui n'hésitent pas à témoigner en leur nom : « On a vraiment toutes vécu les mêmes choses, le plus souvent sans rien dire. Jeune externe au bloc de gynéco, le patron qui opérait : “Corinne, tirez ces écarteurs comme vous aimez être tirée. Ou vous préférez que je vous apprenne ?” » commente la docteure Corinne Depagne à la suite du récit d'une autre de ses consœurs, elle aussi victime.

À son tour, l'ex-professionnelle de santé en psychiatrie et aujourd'hui journaliste Éloïse Nguyen-Van Bajou raconte son agression par un collègue urgentiste lors d'une fête de service : « Les violeurs ne sont malheureusement pas des monstres. Ce sont nos collègues, nos meilleurs potes, nos frères. Éduquez vos garçons. #MeTooHopital. » Un récit qui fait beaucoup réagir sur le réseau social.

À LIRE AUSSI Gynécologie : les médecins veulent limiter le recours à l'examen pelvienIl faut dire qu'en 2022 l'association Donner des ELLES à la santé révélait, dans un sondage réalisé en partenariat avec Ipsos-Janssen, que 80 % des femmes médecins exerçant à l'hôpital ont déjà été victimes de propos sexistes ou de gestes inappropriés. En 2023, leur baromètre établissait le chiffre glaçant de 30 % de praticiennes qui déclaraient avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle ou des attouchements sans leur consentement.

Au-delà des victimes, plusieurs praticiens ont témoigné de comportements déplacés ou répréhensibles observés pendant leurs années d'études. C'est le cas du radiologue Thibaut Jacques, alias @docteur_tj : « Dans les souvenirs de type #MeToo à l'hôpital, je me souviens de ce chef de service de chirurgie qui demandait à l'externe, lors de son premier jour de bloc, devant tout le monde, si elle était “clitoridienne ou vaginale”. »

Une extension du hashtag #MeTooHopital ?

Certains notent toutefois qu'il ne faut pas s'arrêter aux seuls soignants. Le compte @HeleneBire alerte ainsi sur le fait que #MeTooHopital est « exclusivement réservé aux soignants ». « Les “petits agents” sans qui l'hôpital ne fonctionnerait pas, vous pouvez continuer à subir et à vous taire… Vos cadres et collègues harceleurs, sexistes, aux mains baladeuses, vont pouvoir continuer tranquilles », poursuit son message.

Un autre compte, @HardingJulie1, pointe le sort des assistantes sociales hospitalières : « Visiblement, les assistantes sociales hospitalières ne sont pas assez attirantes pour en être victimes… Je ne crée pas une polémique, c'est juste qu'on nous oublie toujours dans le personnel hospitalier ! Ras le bol d'être invisibles. » Un mouvement parallèle à celui porté par des patientes qui, elles, témoignent de violences gynécologiques lors de leurs examens médicaux.

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Commentaires (18)

  • Kermit12

    C'est vraiment le concours Lépine des dénonciations ! C'est à qui de plaindra le plus, sans bien sûr le moindre début de preuve ou même de précisions, ou alors il faut attendre 21 ans comme pour "la professeure" Karine Lacombe.

    Le must est quand même pour la fin de ce passionnant concours : "ces assistantes sociales hospitalières" qui ne voudraient surtout pas qu'on les oublie dans l'interminable liste des victimes !

  • Pierrecarré

    Ce titre : "les victimes témoignent sur les réseaux sociaux" est gênant. Témoigne-t-on sur les réseaux sociaux ? Peut on utiliser innocemment le mot "témoigner" en dehors de toute procédure judiciaire ? Un média peut il attribuer innocemment un statut de "victimes" à des intervenants sur des réseaux sociaux ? Avant que le statut de "victime" ait été attribué, une procédure a t elle permis aux "coupables" de se faire entendre ? Et de se défendre ? Quand les médias légitiment la curée...

  • hoho

    Les femmes actuelles sont procedurieres ! C'est devenu n importe quoi !Et pourtant je suis une femme... Mais là on joue a la Sandrine rousseau un peu trop non ?