La mission chinoise Chang’e 6 lancée avec succès vers la face cachée de la Lune

La sonde a décollé vendredi vers 11 h 30 avec à son bord des instruments français et européens. Un succès qui risque de tendre un peu plus la compétition entre Washington et Pékin.

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Une fusée Longue Marche-5, transportant la sonde Chang'e 6, décolle de sa rampe de lancement depuis la base spatiale de Wenchang, dans la province de Hainan (sud de la Chine), le 3 mai 2024.
Une fusée Longue Marche-5, transportant la sonde Chang'e 6, décolle de sa rampe de lancement depuis la base spatiale de Wenchang, dans la province de Hainan (sud de la Chine), le 3 mai 2024. © Xinhua / Xinhua/ABACA

Temps de lecture : 3 min

Chang'e 6 est en route vers la Lune. La mission lunaire chinoise la plus ambitieuse jamais entreprise a été lancée avec succès, depuis la base spatiale de Wenchang, sur l'île de Hainan, dans le sud du pays, vendredi matin peu avant 11 h 30 (heure de Paris). Son objectif principal est de rapporter, pour la première fois, des échantillons de la face cachée de la Lune – précisément 2 kg – afin de pouvoir les analyser sur Terre.

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Cette face cachée du satellite de la Terre est foncièrement très différente de sa face visible sans que les scientifiques sachent véritablement pourquoi. La mission emporte aussi plusieurs équipements scientifiques étrangers parmi lesquels un détecteur de radon français appelé Dorn, un instrument européen chargé de traquer les ions négatifs baptisés Nils et un rétroréflecteur italien.

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À compter de ce jour, cette mission à la fois techniquement complexe et scientifiquement particulièrement intéressante devrait se dérouler sur 53 jours environ. La descente de l'atterrisseur de Chang'e 6, moment crucial, est prévue le 2 juin.

Il devrait se poser au sud du cratère Apollo dans l'immense bassin Pôle Sud-Aitken (qui n'est toutefois pas au pôle Sud) où les scientifiques pensent qu'il pourra prélever non seulement des roches de la croûte lunaire mais également des matériaux en provenance du manteau. C'est aussi le moment où les instruments embarqués pourront faire des mesures pendant au maximum 48 heures. Après quoi, l'atterrisseur cessera ses activités et la mini-fusée qui le coiffe décollera pour transférer les précieux échantillons à l'orbiteur de la mission.

L'instrument Français Dorn bientôt en action

L'instrument français Dorn, lui, sera allumé bien en amont, car l'équipe scientifique qui l'a conçu, conduite par Pierre-Yves Meslin de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP), compte bien profiter du voyage pour tester le détecteur. Celui-ci devrait ainsi être mis en marche 2 jours et 19 heures après le décollage de la mission. Les scientifiques français sont d'ailleurs sur place, non au centre d'opération, mais dans un laboratoire partenaire, afin de pouvoir transmettre plus facilement des consignes précises en cas de besoin.

Une fois à destination, Dorn collectera des données permettant d'étudier l'origine et la dynamique de l'exosphère lunaire, les propriétés du sol de la Lune ainsi que le brassage de la poussière en surface. Pour cela, il effectuera, en orbite et depuis la surface, des mesures de radon mais aussi de polonium, deux traceurs radioactifs.

En janvier 2019, la Chine avait déjà été la première puissance spatiale à se poser sur la face cachée de la Lune et elle ne compte pas s'arrêter là. En 2026, Chang'e 7 devrait explorer le pôle Sud lunaire à la recherche de glace d'eau tandis que Chang'e 8, programmée en 2028, constituera une mission de reconnaissance destinée à étudier l'environnement et les ressources disponibles en vue de l'établissement d'une base pour ses futures missions habitées. Car les Chinois ont l'intention d'envoyer des hommes sur la lune à l'horizon 2029-2030. Vont-ils doubler les Américains, qui envisagent de s'y poser en 2026 mais dont le programme Artemis a déjà pris du retard ? Pour l'heure, nul ne peut encore l'exclure.À LIRE AUSSI Avec la sonde privée Odysseus, les Américains sont de retour sur la Lune

Une « course » tendue avec les États-Unis

Les États-Unis s'inquiètent d'ailleurs des succès enregistrés par le programme spatial chinois. En témoignent les récents propos du patron de la Nasa, Bill Nelson, qui a affirmé le 17 avril dernier que Washington était désormais engagé dans une « course » avec Pékin. « Nous pensons qu'une grande partie de ce qu'ils appellent leur programme spatial civil est en fait un programme militaire », a-t-il même déclaré devant une commission de la Chambre des représentants à Washington. C'est dire si la compétition bat son plein.

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Commentaires (5)

  • Grillon66

    Il y a peu être des terres rares, donc Attention Messieurs ils vont s’approprier la lune pour nous faire mordre la poussière.

  • Ours Polaire

    Bravo ! Reste la phase critique de l'alunissage, en mode automatique.

  • P'tit-Loup

    Allunissage prévu sur la face cachée de la lune, en zone d'ombre comme les ombres chinoises. Finalement c'est très chinois comme histoire.