2010-2020, la décennie de la Sécurité routière

Les dix années passées ont marqué une baisse de la mortalité de 36 %, mais, si on exclut 2020, liée aux confinements du Covid, le gain est encore de 18,7 %.

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L'antidérapage ESP a sauvé des milliers de vies à lui seul depuis que les voitures en sont obligatoirement équipées (fin 2014). Il avait été mis en service dès 1995.
L'antidérapage ESP a sauvé des milliers de vies à lui seul depuis que les voitures en sont obligatoirement équipées (fin 2014). Il avait été mis en service dès 1995. © Bosch

Temps de lecture : 4 min

M. de La Palice l’aurait bien dit : moins on roule, moins il y a d’accidents. Mais, cette fois, le constat est statistique et clairement le reflet de la pandémie. Le bilan contrasté que vient de publier la Sécurité routière en est une éclatante illustration car il permet de comparer une période homogène (2010-2019) avec une année qui ne le fut absolument pas : 2020. Dressant le constat d’une mortalité en chute de 21 % par rapport à 2019, la Sécurité routière relève objectivement que, si le résultat « est historiquement bas », c’est parce qu’il « s’explique en grande partie par les effets de la pandémie mondiale du Covid-19 ». Cette décrue spectaculaire est corroborée par le nombre d’accidents en baisse de 19 % et le nombre de blessés de 20 %.

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Il est très intéressant à ce sujet de comparer deux courbes (voir infographie) : celle du nombre d’accidents corporels durant cette année et celle des règlements en carte bleue des pleins de carburant, reflet exact du volume de déplacements des Français. Il en ressort une corrélation étroite des deux courbes selon les événements vécus dans le pays, les pouvoirs publics ayant confiné la population sur deux périodes, du 16 mars au 10 mai et du 30 octobre au 13 décembre. « En dehors de ces périodes, note l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière), des couvre-feux nationaux et/ou locaux ont été mis en place. Durant ces périodes de restrictions, les déplacements professionnels et touristiques ont été fortement réduits, comme en atteste la diminution de la consommation des ménages en carburant. »

Les confinements et couvre-feux ont eu un effet prévisible favorable sur les accidents en 2020.
 ©  ONISR
Les confinements et couvre-feux ont eu un effet prévisible favorable sur les accidents en 2020. © ONISR

Et, en effet, les déplacements de longue distance ont été fortement réduits durant ces périodes, seuls les déplacements du quotidien ou de proximité ont été maintenus, voire développés. Les Français ont passé l’été dans l’Hexagone et la pratique de la marche ainsi que du vélo a connu un certain engouement. De la même façon, la frilosité affichée par les plus de 75 ans à se déplacer fait que c’est la catégorie qui baisse le plus (- 34 %) en mortalité. Autre trait atypique, alors que tous les modes de locomotion affichent un net bénéfice, seule stagne la mortalité des cyclistes (178 tués), qui est restée proche de celle des années précédentes.

« En dehors de temps d’arrêt liés aux confinements, note l’ONISR, ce mode s’est développé en milieu urbain pour éviter les transports en commun ainsi qu’en milieu rural pour pratiquer des loisirs de proximité (+ 31 % d’augmentation de la pratique sur les périodes hors confinements en milieu urbain et + 15 % en milieu rural). On dénombre plus de blessés en ville, mais plus de tués hors agglomération du fait des vitesses élevées des autres usagers. »

Le danger des nouvelles locomotions

Le constat peut être étendu à la controversée trottinette électrique et autres modes de transport individuel apparentés, qui ont remporté un gros succès en guise de moyen de substitution. Si le nombre de tués est stable par rapport à l’année précédente, le nombre de blessés augmente de 40 %, traduisant également une augmentation de la pratique à partir du premier déconfinement. Ce nombre est toutefois encore cinq fois inférieur au nombre de blessés à vélo en milieu urbain.

En chiffres bruts, la situation s'améliore nettement sur la décennie même si 2020 reste, du fait de la pandémie, aypique.
 ©  ONISR
En chiffres bruts, la situation s'améliore nettement sur la décennie même si 2020 reste, du fait de la pandémie, aypique. © ONISR

Bien sûr, cette année atypique fausse l’évolution globale sur dix ans des chiffres de la Sécurité routière. Si on l’intègre dans le résultat 2010-2020, le nombre des tués (voir tableau) a chuté de 35,2 % en France métropolitaine, alors que, si on l’ignore pour considérer la période 2010-2019, le pourcentage est de 17,7 %. Plus proche de la réalité, il reste dans la moyenne de ce que l’on constate chez nos voisins européens, un bénéfice dû aux progrès des automobiles modernes, devenues plus protectrices durant l’accident mais qui permettent surtout de l’éviter avec les aides électroniques à la conduite, notamment le système d’antidérapage ESP qui a démultiplié les gains déjà enregistrés auparavant avec l’antiblocage des freins ABS.

De ce fait, depuis 2010 et malgré les progrès accomplis, la France métropolitaine est stable au 11e rang de l’Union européenne en termes de mortalité routière rapportée à la population : 39 personnes ont été tuées par million d’habitants en 2020, contre 50 en 2019 et 64 en 2010. Outre-mer, malgré une baisse ces 10 dernières années, ce taux reste très élevé en 2020, à 87 tués par million d’habitants. Plus exacte à notre sens, la mortalité rapportée au trafic (en milliards de kilomètres parcourus par les véhicules) baisse de 21,7 % en 2020 en France métropolitaine, alors que le trafic a baissé de près de 17 %. Cela traduit une tendance nette à des routes plus sûres : de 2010 à 2020, la mortalité rapportée au trafic est passée de 7,0 à 5,0 tués par milliard de kilomètres parcourus.

En fonction du mode de locomotion, les gains sont très variables mais, de loin, favorables à l'automobile devenue très protectrice
 ©  ONISR
En fonction du mode de locomotion, les gains sont très variables mais, de loin, favorables à l'automobile devenue très protectrice © ONISR

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Commentaires (3)

  • Majorons

    La route appartient à tous et même aux cyclistes du Dimanche qui prennent à 2 la largeur de la voie alors qu'il y une piste cyclable juste à côté.
    Pour moi, c'est simple ils sont des TDS en puissance.
    Maintenant, pour en revenir à l'article et ce qu'il ne dit pas, le trafic a fortement diminué, mais pas la vitesse sur cette période, et surtout l'absence des bus et camions a montré qui était les plus dangereux lorsqu'ils sont présents.
    Malheureusement, ce n'est que des paroles inaudibles face un pouvoir politique qui continuera à multiplier les radars pour racketter sans honte les automobilistes.

  • Ceci n'est pas mon pseudo

    La route n'appartient pas à la voiture sauf dans le cas de rallies ou sur circuit. Les cyclistes et autres ne sont donc pas un problème mais des participants légitimes au trafic. Un nombre trop important de cyclistes ont été tués dans leur droit, sur nos routes de campagne, par des bons conducteurs dont le tord est de trop croire maitriser leur véhicule.

  • Fouinou

    Arrêtez de cibler les automobilistes et la vitesse (?) pour s'occuper du VRAI problème que sont les cyclistes et autres pratiquants de 2 roues electriques.