Ces automobiles qui désespèrent de l’Europe… et les autres

Le Salon de Lyon, qui a fermé ses portes, a montré ces modèles qui trouveront leur salut hors de nos frontières en se consolant de moins rouler chez nous.

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La Vision AMG est un concentré de tout ce que sait faire Mercedes dont la vocation est d'offrir des prestations exceptionnelles tout en se glissant entre les lignes réglementaires réductrices.
La Vision AMG est un concentré de tout ce que sait faire Mercedes dont la vocation est d'offrir des prestations exceptionnelles tout en se glissant entre les lignes réglementaires réductrices. © Gicey

Temps de lecture : 6 min

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Le zèle déployé par l'Europe, qui a inventé l'automobile et s'évertue aujourd'hui à la tuer avec des réglementations iniques, laisse le visiteur d'un salon comme celui de Lyon perplexe. Alors que foisonnent sur les stands les nouveaux modèles plus ou moins lestés de batteries, quelques pures thermiques – ou si peu hybrides – font encore de la résistance. Pour des raisons parfois très différentes, oscillant entre déjà une nostalgie du monde d'avant et les inconnues d'un marché tout électrique qu'on nous promet resplendissant.

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Pourtant, celui-ci commence à donner des signes de faiblesse et les arrêts de chaînes (Peugeot, Fiat, Volkswagen, Tesla, etc.), faute de commandes suffisantes, montrent bien les hésitations d'une nouvelle clientèle à conquérir au-delà des adeptes des premiers jours. La frugalité du salon résonne comme en écho au sens de l'économie affiché par des consommateurs réalistes, bien résolus à user leurs voitures actuelles jusqu'à la corde.

Entre eux, les conservateurs, et ceux qui ont adhéré très vite à l'électrique et sont déjà équipés, les innovants, se profile une dépression que ne parviennent pas à cacher les ventes pourtant largement subventionnées. Pas plus que la guerre des prix qui s'installe et voit les tarifs de Tesla, jusque-là inattaquables, fondre pour résister à une concurrence décuplée. Avec en arbitre des décisions d'achat une règle du jeu obscure d'un bonus qui change au 1er janvier prochain. Il n'incite guère les Français conservateurs à se lancer dans une technologie trop disruptive à leurs yeux. Voilà les quelques grandes tendances de ce grand écart vues à Lyon.

Mazda, un V6 et un rotatif

La marque nipponne, passionnée de technologies et de mécanique s'il en est, s'offre un grand écart en annonçant tout à la fois l'étude d'un coupé 4 portes destiné sans doute à remplacer la Mazda6 vieillissante et un modèle hybride électrique à prolongateur d'autonomie. La première est une grande berline qui sera pourvue d'un 6 cylindres essence venant épauler le 6 cylindres diesel hyper-sobre déjà vu sur le CX-60. Un moteur pas très en cour en Europe, en France en particulier, où pourtant on devrait prendre en compte ses excellentes performances.

La seconde voiture, la MX-30 e- SKYACTIV R-EV (ouf !), n'est pas moins passionnante en épaulant de façon originale la version tout électrique lancée en 2020. À propulsion électrique permanente qui entraîne physiquement les roues, elle dispose d'une batterie lithium-ion de 17,8 kWh. Celle-ci lui autorise une autonomie tout électrique de 85 km en WLTP urbain et 110 km en mixte.

Lorsque la réserve baisse ou si les besoins de puissance se font sentir, un moteur rotatif plus compact (840 cm3) vient à la rescousse. Il tourne à régime constant et joue les dynamos pour recharger en roulant. Le réservoir de carburant de 50 litres permettra de viser sans angoisse 680 km d'autonomie sans s'arrêter. Évidemment, ce sera mieux de recharger pour les parcours fractionnés de semaine afin de privilégier l'électrique, mais cet hybride rechargeable mériterait de ne pas être assassiné par la future norme du bonus. Commercialisation début décembre.

Lotus renaît en Chine avec l'Emeya

C'est sans doute l'une des nouveautés les plus spectaculaires, révélée au public à Lyon, juste après New York. Désormais branche du luxe sportif du chinois Geely, Lotus bouscule hardiment les codes de Colin Chapman qui, à la façon d'Alpine, raisonnait avant tout sur le poids juste. Et même parfois moins comme s'en plaignaient ses pilotes en compétition. Mais ce credo n'a plus cours avec les batteries, énormes sur ce coupé 4 portes rival de Porsche, Tesla et autres Audi.

L'Emeya est en fait la version abaissée du SUV Eletre, un mastodonte de 2,6 tonnes à contre-courant des Lotus historiques. Avec deux moteurs, le secours d'une boîte à 2 vitesses comme sur le Taycan et l'e-Tron et une batterie affinée de 102 kWh, elle pourra fournir 918 ch et un couple monstrueux de 984 Nm qui, si on en use, entamera l'autonomie de 490 km. Produite en Chine, elle ne sera pas vue d'un bon œil en France lors de son arrivée courant 2024. Mais hors de nos frontières, la carrière s'ouvre à elle.

Audi SQ8 Sportback e-tron : c'est les watts

La marque aux anneaux a rapidement converti sa passion pour le Diesel en adoration de l'électrique sous son discutable vocable e-tron. Si Mercedes maintient encore du diesel sur sa nouvelle Classe E, ce n'est plus l'obsession d'Audi ni la vocation de ce modèle voué aux watts. Les lignes très bien équilibrées avec ce soupçon d'agressivité qu'il faut à ce niveau de gamme et le supplément d'âme du Sportback ne laissent vraiment pas de marbre. Son prix non plus ni son standing, armé de 503 ch, d'une batterie de 114 kWh et d'une autonomie revendiquée de 465 km.

Toyota CH-R : les doigts dans la prise

Adepte de l'hybride auto-suffisant inventée avec la Prius, Toyota aborde prudemment les étages supérieurs de l'électrification, le premier modèle 100 % sur batterie étant tout juste arrivé sur la bZ4X déjà essayée dans ces colonnes. Il ne faut pas pour autant oublier le best-seller qu'est le C-HR au design pour le moins audacieux. Lignes tranchantes, surfaces vitrées minuscules à l'arrière de Coupé-SUV, Toyota table sur l'originalité, la sportivité et des tonalités bicolores.

L'hybridation auto-suffisante est reconduite en 140 et 190 ch, cette dernière disponible en 4 roues motrices avec un moteur électrique générateur sur le train arrière. À cela s'ajoutent une nouvelle hybride rechargeable de 223 ch et un logiciel qui détecte grâce au GPS l'entrée dans une ZFE pour basculer automatiquement en tout électrique. Ingénieux.

Subaru Solterra : passeport pour la France

Chez les Japonais, la dimension poétique n'est jamais éloignée. Le nom de cette Subaru, « Sol » et « terra », le soleil et la terre, tend à le prouver. Subaru, qui a beaucoup souffert avec une gamme très orientée performances et quatre roues motrices, n'a pu éviter les ravages du malus. Il était nécessaire de rebondir pour, sur de nouvelles bases, repartir à la conquête du marché français et faire vivre les 70 concessionnaires de la marque.

Pour faire vite, Subaru est allé emprunter à son partenaire Toyota une excellente base de bZ4X et l'a adaptée, sous un design remanié, aux goûts Subaru en termes de tenue de route, de direction et de ressenti de la traction intégrale. Il y a toujours un moteur électrique de 109 ch par essieu, les performances étant proches avec un 0 à 100 km/h abattu en 6,9 s et une vitesse de pointe limitée à 160 km/h.

La batterie lithium-ion de 71,4 kWh lui procure une autonomie maximale de 465 km en cycle WLTP. Subaru assure que 30 minutes de charge suffiront sur une borne de 150 kW, pour passer de 0 à 80 %. La ficelle est un peu grosse, mais au fond toutes les voitures sont des clones d'un modèle apparu avant. À partir de 59 990 euros, la Solterra sera livrée en fin d'année avec un permis de séjour assuré en fonction des règles françaises.

À LIRE AUSSI Salon de Lyon : les nouveautés à l'affiche

McLaren 750 S Spyder : l'ivresse du grand air

Radicale. Évolution profonde de la supercar, la 720 S, la 750 S s'en distingue par de nombreux aspects, la partie avant ayant par exemple été redessinée. Même chose pour les flancs plus sculptés et l'arrière dotés d'un aileron mobile plus large. Coupé ou Spyder avec un toit rigide qui disparait en 11 secondes, la 750 S diffère encore de sa petite sœur l'Artura dans le fait que c'est une pure thermique.

Les ayatollahs du culbuteur et des échappements s'égosillant façon Caruso trouveront leur compte, la 750 S n'embarque, en termes de batterie, que celle réservée au démarrage. Le résultat se mesure sur la balance qui se fixe sur 1 321 kg et surtout un rapport poids-puissance de 1,7 kg/ch exceptionnel. Ses 750 ch et 800 Nm de couple livrent une partition mécanique exclusive et un 0 à 100 en 2,8 s. Elle n'a qu'un seul vrai défaut, son prix de 376 660 euros plus compatible avec le train de vie et les taxes douces des Émirats ou de Floride.

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Commentaires (7)

  • Freedom

    Crossîng the chasm : pour ceux qui ont travaillé dans des start-up, ça devrait leur rappeler de « bon «  souvenirs : -) La transition de la voiture d’avant avec celle de demain n’a pas
    encore été faite. Nous sommes au milieu et le marché (consommateur) marque une pause. Une fois le problème de distance des batteries maîtrisé, la vraie disruption viendrait de l’autonomie de la voiture qui pourra se conduire elle-même. Les voitures sortiront sans volant avec un habitable complètement repensé. Tesla a déjà fait un premier pas vers ce future.

  • gromousse

    Encore un article bien orienté de M. Chevalier qui n’en finit plus de nous communiquer sa méfiance de l’électrique, quitte à arranger la réalité (Tesla qui arrêterait ses lignes de production parce que ça se vendrait mal… alors que certains modèles ne sont dispos qu’au bout d’un an faute de pouvoir les fabriquer assez vite) et à s’extasier sur des modèles thermiques qui dépensent 50 litres d’essence (soit minimum 100€ à ce jour) pour parcourir 700km quand une Tesla demande 28€ pour ça… et avec un bilan carbone bien meilleur quelle que soit la situation. Oui il reste beaucoup de choses à mettre en place pour que l’électrique soit accessible à tous, mais oui ça se met en place et plutôt rapidement, n’en déplaise à M. Chevalier. Seul point où je le rejoins : on voit des constructeurs historiques se lancer dans la course aux watts comme ils s’étaient lancés dans la course aux chevaux… alors que c’est la sobriété et le pragmatisme qu’il faudrait viser. Messieurs, repartez d’une page blanche, sinon vous allez tout simplement disparaître, et ma foi ce serait une bonne chose pour la planète !

  • Mel92

    @Flyingfrey : « Audi avec 114 kwh parcours 465 km » Vous avez tout à fait raison, ce chiffre est choquant. Une voiture électrique se doit d'être efficace et ce n’est visiblement pas du tout le cas de ce modèle qui montre au contraire une incompréhension de la part du fabricant des particularités de la mobilité électrique.

    Par contre 114 kWh, c’est très bien. Je passerai ma voiture familiale à l’électrique quand les capacités d’environ 120kWh seront abordables. Et visiblement, ce modèle montre que ce sera possible dans quelques années.