Au CES, la sécurité « ceinture et bretelles » de la voiture autonome

Tesla parie sur une voiture guidée uniquement par des caméras alors que les équipementiers prônent radars et lidars de détection pour doubler la sécurité.

Source AFP

À gauche, la voiutre équipée de lidars et de capteurs en plus des caméras freine à temps tandis que la voiture blanche, avec ses seules caméras, n'y parvient pas
À gauche, la voiutre équipée de lidars et de capteurs en plus des caméras freine à temps tandis que la voiture blanche, avec ses seules caméras, n'y parvient pas © PATRICK T. FALLON / AFP

Temps de lecture : 4 min

Pour guider la future voiture autonome, Tesla a un avis tranché sur la question et mise désormais tout sur les caméras, laissant dubitatifs certains spécialistes des systèmes d’aide à la conduite qui utilisent aussi radars et capteurs laser lidars.

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Au grand salon de la tech CES à Las Vegas, le fabricant de Lidars Luminar a installé sur un parking tout un dispositif pour prouver la supériorité de son produit, faisant rouler côte à côte deux voitures à environ 50 km/h avant de faire débouler sur la piste la silhouette d’un enfant.

Le véhicule équipé de son produit freine à temps quand l’autre voiture, une Tesla, bouscule le mannequin factice. C’était le but de la démonstration visible sur le site de l’équipementier et il faudra répéter l’expérience de façon plus officielle et indépendante pour la valider. Néanmoins, cela oppose la vision plutôt low cost de Tesla à celle d’autres constructeurs qui ne veulent négliger aucune situation.

« Mais on ne voulait pas juste montrer un PowerPoint ou une jolie vidéo », explique à l’AFP Aaron Jefferson, responsable du développement des produits chez Luminar. « Dans des conditions de conduite parfaite, par un jour de beau temps, les caméras peuvent faire beaucoup », selon lui. « Le problème, ce sont les situations atypiques », reconnaît-il : les angles morts, le brouillard, un sac plastique, la luminosité particulière au coucher du soleil, etc.

La plupart des fabricants de systèmes de conduite autonomes ont choisi de combiner des caméras aux radars et/ou aux lidars, des instruments qui permettent de mesurer la distance respectivement via des ondes radio ou par laser.

Tesla a fait le choix l’an dernier de laisser tomber les radars et de se reposer uniquement sur les caméras pour son système d’aide à la conduite. Selon Elon Musk, avec les progrès technologiques, un « cerveau artificiel » fonctionnant avec des caméras est capable d’égaler les capacités d’un cerveau humain analysant son environnement avec ses deux yeux.

« C’est une stratégie assez raisonnable », estime Kilian Weinberger, professeur à l’université Cornell qui a travaillé sur la détection des objets dans des systèmes de conduite autonome.

Officiellement, Tesla ne propose, pour l’instant, que des systèmes d’aide à la conduite d’ailleurs controversés par quelques faits divers, parfois dramatiques, et placés sous enquête en ce moment. Mais le constructeur américain espère arriver, in fine, à un système de conduite totalement autonome avec ses seules caméras.

Le rôle de l’anticipation

Le constructeur a choisi, il y a plusieurs années, d’installer par défaut des caméras et des radars sur toutes ses voitures et a ainsi pu récupérer une importante quantité d’informations sur la façon dont les automobilistes conduisent en conditions réelles.

« Tesla a fait le pari qu’en collectant beaucoup de données, ils peuvent former un algorithme aussi performant qu’un algorithme utilisant des capteurs bien plus chers avec moins de données », explique Weinberger.

Les robots-taxis de Waymo, la filiale de conduite autonome de Google, sont, par exemple, bardés de capteurs, mais ne roulent que dans des conditions spécifiques.

Les systèmes de conduite autonome ont quatre fonctions principales, remarque Sam Abuelsamid du cabinet Guidehouse Insights : percevoir l’environnement, prédire ce qui va se passer, planifier ce que va faire la voiture et exécuter.

« Prédire s’est révélé être bien plus compliqué que ce que les ingénieurs pensaient, en particulier avec les piétons et les cyclistes », dit-il. Une simple traversée de Paris est, à ce titre, tout à fait édifiante.

Et les progrès que les ingénieurs pensaient pouvoir réaliser sur les logiciels fonctionnant uniquement sur la base de caméras grâce à l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique ont plafonné.

Tesla prisonnier d’une promesse

Le problème est qu'« Elon Musk a fait miroiter son système de conduite autonome en assurant que les équipements déjà installés sur les voitures suffiraient », avance M. Abuelsamid. « Tesla ne peut plus faire marche arrière puisque des centaines de milliers de personnes ont déjà versé de l’argent » pour y accéder.

Pour le patron de l’équipementier français Valeo, qui présente au CES sa troisième génération de lidar, « les caméras seules, quelle que soit la quantité des données stockées, ne suffisent pas ».

« La compréhension, l’analyse de ce qui se passe autour de la voiture, de ce qu’on voit et de ce qu’on ne voit pas, de jour comme de nuit, est absolument clé », dit Jacques Aschenbroich à l’AFP. Et l’environnement est dynamique, ajoute-t-il en évoquant la circulation sur la place de l’Étoile à Paris.

« Notre conviction absolue, c’est qu’il faut des lidars » pour atteindre des niveaux d’autonomie plus avancés, conclut M. Aschenbroich.

« Tous les capteurs ont leurs avantages et leurs défauts », avance pour sa part Marko Bertogna, professeur à l’université italienne Unimore et responsable d’une équipe faisant courir un véhicule sans pilote lors d’une course de voitures autonomes vendredi à Las Vegas. « En l’état actuel des connaissances », les caméras seules font encore trop d’erreurs, estime-t-il aussi.

Pour l’instant, « plus vous avez de systèmes fonctionnant en parallèle, plus vous arrivez à fusionner différents types de capteurs, plus vous serez probablement parmi les premiers à répondre aux exigences de sécurité qui seront demandées par les régulateurs », prédit le spécialiste.

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Commentaires (4)

  • Ceci n'est pas mon pseudo

    La question n'est pas de savoir si les véhicules autonomes seront plus sûrs que les humains. Un jour il aura moins de 3 morts par an en France sur la route en France là où aujourd'hui il y en a plus de 3000. La seule question est quand un système sera-t-il mature, les capacités de production installées et les coûts contenus ? Tout ceci au détriment d'un certain plaisir automobile pour une partie d'entre nous.

  • François LEBLANC

    Perso j'ai une voiture autonome de niveau 2 et je dois reconnaître que sur circuits routier et autoroutier, mon principal usage, c'est extrêmement sécurisant. Beaucoup plus que ceux qui téléphonent ou textotent en slalomant, et en changeant d'allure de façon erratique. Par contre l'usage urbain n'est évidemment pas recommandé.

  • Fouinou

    Trop dangereux.
    imaginez les aujourd hui dans la circulation paris intra muros.
    il serait interressant d'y faire des tests en temps réel et non sur des axes autoroutiers ou voies a 3 voies.