Qui paiera pour la voiture électrique à 100 euros par mois ?

Promesse électorale, défi écologique et aide aux moins favorisés, le leasing bradé relève du tour de force qui devrait coûter 50 millions d’euros à l’État.

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Temps de lecture : 3 min

Du côté de Bercy, cela phosphore en ce moment pour trouver la bonne façon de monter ce plan sans engloutir les deniers de l'État. Si le calendrier et les modalités d'application de la promesse faite par Emmanuel Macron d'offrir aux Français les moins favorisés la possibilité de rouler pour 100 euros par mois, la méthode reste à définir.

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Cela a un petit air de « permis à un euro » (par jour, NDLR) surgi en 2006 et reconduit en 2016 pour financer à taux zéro le coût de la formation et de l'examen. Cette fois, les détenteurs du nouveau permis, mais aussi ceux du carton rose ayant des revenus modestes pourraient repartir au volant d'une voiture neuve, 100 % électrique pour abonder le plan de décarbonation du gouvernement, au prix semble-t-il imbattable de 100 euros par mois.

Initiée par Anne Hidalgo qui en avait eu la primeur, l'idée ressemble bien à une arme anti-Gilets jaunes. Mais elle ne serait pas réservée à la province, les critères de sélection pour 100 000 candidats par an reposant sur la nécessité de se déplacer pour se rendre au travail et la faiblesse des revenus. Selon quelle grille ? C'est tout le travail effectué par Bercy qui ne doit pas déséquilibrer un système comme ce fut le cas avec les primes à la casse.

Avec une nécessité, dissuader les chasseurs de primes qui, avec un peu d'astuce ou de chance pour satisfaire à toutes les conditions, pouvaient cumuler, avec la prime à la casse d'un vieux véhicule, jusqu'à 11 000 euros d'aides publiques pour le nouveau. Dans le fatras des primes, ce sont ainsi des ménages plutôt aisés qui ont acheté des véhicules électriques et non les moins favorisés.

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Technologie coûteuse

La voiture électrique ravalée au rang de voiture de riche est pourtant une réalité, cette technologie coûteuse irriguant l'automobile par le haut de gamme, le plus apte à en digérer le surcoût. Mais cette observation tient de moins en moins avec les offres à prix cassés de certains constructeurs, incités par l'UE à vendre « à tout prix » des voitures à émissions nulles. Sous peine de devoir acquitter des amendes salées.

Que penser ainsi d'une Nissan Leaf, une berline familiale, cédée en leasing à 99 euros/mois seulement ? Le programme s'étale sur trois ans et demi avec un maximum de 30 000 km parcourus. Au terme du leasing, le constructeur reprend sa voiture et déduit les éventuels frais de remise en état.

Qui paiera l'aile froissée ou l'habitacle défraîchi ? Le plan ne le dit pas encore, mais avance une hypothèse pour la charge de l'apport initial. Ainsi, sur la modeste Dacia Spring, il faudra déposer un premier loyer de 7 700 euros pour partir à son volant. Ce premier loyer, qui constitue l'apport, est garanti par la Caisse des dépôts « pour les couples qui gagnent le smic ou un peu plus », a précisé Emmanuel Macron fin avril.

Cherchez la prise

Les subventions publiques interviendraient ici pour en réduire, voire en annuler le montant dans le cas d'un automobiliste aux revenus modestes. Il devra ensuite débourser 120 euros par mois sur quatre ans et ne pas dépasser 40 000 kilomètres. En faisant des économies de carburant, cela va de soi. Il rendra alors la voiture à Dacia ou à la société de leasing mais, à ce stade, personne ne sait encore si cette voiture d'inspiration française, mais fabriquée en Chine sera éligible.

L'autre problème est que la crise des semi-conducteurs et les difficultés rencontrées désormais par l'industrie automobile avec l'assèchement des productions ne plaide pas vraiment pour ce plan de masse qui vise tout de même 100 000 voitures la première année. Avec un budget estimé à 50 millions d'euros, cela revient à 500 euros d'aide par voiture et par an ce qui apparaît dérisoire. D'autant que ce « leasing social » est surtout alimenté par des voitures de milieu et de haut de gamme dont, au passage, un tiers de la valeur réside dans les batteries souvent produites en Chine.

Tout cela paraît acrobatique mais vise aussi, au moment où les ZFE (zones à faibles émissions) se mettent en place dans les grandes villes, à offrir une solution de remplacement pour les diesels qui en seront bannis. Le puzzle, d'une extrême complexité, peine à se mettre en place et risque fort, encore une fois, de favoriser le citadin au détriment du rural. Sauf lorsqu'il faudra recharger les batteries où l'avantage basculera vers la province et ses prises plus accessibles.

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Commentaires (19)

  • jpleg

    Ce n’est pas la voiture. Le problème c’est le nombre des bornes très, trop faible par rapport au nombre de voitures. Le problème c’est l’emplacement des bornes dans des endroits improbables par les municipalités. Le problème c’est devoir faire la queue pour pouvoir accéder à la borne quand il y a 10 voitures avant vous. Le problème c’est le temps d’attente pour que la charge soit significative. Le problème c’est qu’il faudra 3 jours pour traverser la France. Le problème c’est le prix exorbitant de la charge très supérieur à l’essence. Comme toujours les entreprises sont prêtes, l’état non !

  • jefberry

    Qui va payer la ristourne sur les carburants de 18 centimes accordée par l'état et qui est donc un manque à gagner pour le budget ? Qui a payé pour les jupettes ou les baladurettes ? On voit bien là votre courte vue...

  • neyam

    Va encore payer la facture?
    la classe moyenne comme d'habitude en attendant la taxe sur les batteries. ... Car l'essence rapporte ègalement des milliards à l'état. Il faudra bien trouver une solution de remplacement pour plumer une fois de plus les pigeons.