24 Heures du Mans, WEC : Hypercars, LMP2, GT… Le guide pour s’y retrouver

Entre les prototypes qui évoluent au sommet de l’endurance et les GT des amateurs, voici un kit de survie pour mieux comprendre la course.

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Comme lors des 6 Heures de Portimão, plusieurs catégories évoluant au Championnat du monde d'Endurance (WEC) courront ensemble lors du centenaire des 24 Heures du Mans.
Comme lors des 6 Heures de Portimão, plusieurs catégories évoluant au Championnat du monde d'Endurance (WEC) courront ensemble lors du centenaire des 24 Heures du Mans. © FREDERIC LE FLOC H / Frédéric Le Floc'h / DPPI via AFP

Temps de lecture : 7 min

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Elles n'ont pas toutes la même forme et ne font pas le même bruit. Certaines sont racées, dotées d'un look diabolique ou futuriste. D'autres sont plus classiques, pas si éloignées de celles que l'on croise de temps en temps, par chance, au détour d'un virage. À l'intérieur, leurs caractéristiques techniques divergent beaucoup. Certaines disposent d'une technologie hybride, d'autres de moteurs plus classiques, turbo ou atmosphériques, à des niveaux de puissance qui varient grandement. Pourtant, elles auront toutes le même but : parcourir la plus grande distance, le plus rapidement possible.

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À l'occasion du centenaire des 24 Heures du Mans, qui se dérouleront les 10 et 11 juin 2023, pas moins de 62 voitures seront engagées, selon la liste officielle dévoilée par l'Automobile club de l'Ouest (ACO) à la fin du mois de février*. À raison de trois personnes par équipage, ce sont ainsi 186 pilotes qui se succéderont à leurs volants. Difficile, au premier abord, d'y voir clair, entre les Hypercars, les LMP2 et les GT. D'où l'intérêt de ce petit guide, pour mieux cerner les trois catégories en lice et comprendre ce qu'il se passe en piste.

LMh et LMDh, au sommet de l'endurance

Elles sont le fruit de la révolution technique engagée ces dernières années, et la raison même d'un sport en plein renouveau. Les Hypercars, ou LMh pour Le Mans hypercar, sont sans équivoque les stars des prochaines 24 Heures du Mans. Ça tombe bien, parce qu'il n'y en aura jamais eu autant à s'aligner sur la ligne de départ.

Les LMh, introduites en 2021, sont les dignes représentantes de la première catégorie à courir en endurance. Si leurs performances sont légèrement moins élevées que ce qu'elles ont pu être dans le passé, ce sont en résumé les voitures les plus rapides, les plus sophistiquées et donc les plus prestigieuses à courir la célèbre épreuve. Elles seules se battent pour la victoire au général, quand les catégories inférieures évoluent dans un classement dédié.

Deuxième course de l'année en WEC, les 6 Heures de Portimão ont offert une très belle bataille entre les Hypercars au sommet de l'Endurance.
 ©  ANTONIN VINCENT / Antonin Vincent / DPPI via AFP
Deuxième course de l'année en WEC, les 6 Heures de Portimão ont offert une très belle bataille entre les Hypercars au sommet de l'Endurance. © ANTONIN VINCENT / Antonin Vincent / DPPI via AFP
La Peugeot 9x8, sans son aileron arrière, fait figure d'ovni dans la catégorie LMh.
 ©  JOAO FILIPE / Joao Filipe / DPPI via AFP
La Peugeot 9x8, sans son aileron arrière, fait figure d'ovni dans la catégorie LMh. © JOAO FILIPE / Joao Filipe / DPPI via AFP

Leurs équipages, de trois pilotes, sont composés uniquement de professionnels. Bien que moins connus que leurs homologues en formule 1 – même si beaucoup d'entre eux y ont déjà évolué dans le passé –, ils sont parmi les meilleurs de la planète.

• Un règlement strict, des looks d'enfer

Techniquement, les LMh répondent à un cahier des charges strict : la voiture doit peser au minimum 1 030 kg. Pour sa motorisation, deux options : la voiture peut être hybride ou non. Si le choix de l'électrification est fait, le système peut être installé aussi bien à l'avant qu'à l'arrière du véhicule. Avec une conséquence de taille : d'une deux-roues motrices la voiture peut passer à une quatre-roues motrices temporaire. Toyota, par exemple, est propulsée sur deux roues motrices mais passe à quatre aux alentours de 190 km/h, reçevant un coup de boost à l'avant grâce à son système de récupération d'énergie. Autre obligation à respecter à l'intérieur du capot : ne pas dépasser les 500 kW de puissance, ce qui correspond à peu près à 700 chevaux. Quant aux pneus, un seul manufacturier est autorisé : Michelin.

Dernier point, l'aérodynamique. Et là, cette nouvelle catégorie offre une liberté très importante aux différents constructeurs. Chacun est libre de dessiner une bête de course, aux contours respectant l'image de sa marque. Entre la Toyota GR010 Hybrid, fidèle à sa prestigieuse prédécesseure, l'ovni 9x8 aligné par Peugeot et la bestiale 499P de Ferrari, c'est un régal pour les yeux.

• LMDh ?

C'est une subtilité à connaître : au sein même des Hypercars existe une autre catégorie. Il s'agit des LMDh pour Le Mans Daytona hybrid. Pour la faire courte, ces voitures concourent au même niveau mais sont plus simples et moins coûteuses.

Elles sont construites sur des châssis déjà préexistants, fournis par quatre constructeurs différents : Dallara, Ligier, Multimatic ou Oreca. Leurs concepteurs ne partent pas d'une feuille blanche, et doivent donc composer avec des règles encore plus strictes. Au niveau du moteur, il n'existe que des deux-roues motrices ici, quant au système d'hybridation, il est standard à toutes les LMDh. Aérodynamiquement, en revanche, la règle reste la même : les écuries peuvent se faire plaisir.

L'intérêt de cette option est double : elle limite davantage les coups de développement, tout en permettant aux engagés de participer à d'autres courses d'endurance organisées sur le continent américain. Parmi elles, les 24 Heures de Daytona, en Floride. D'où le nom. Porsche, qui s'est associé avec l'écurie américaine Penske, a par exemple fait le choix de cette réglementation pour lancer sa 963.

Pour les distinguer une fois en compétition, les Hypercars ont leur numéro de course en rouge.

LMP2, la plus foisonnante

Juste en dessous des Hypercars se trouvent les Le Mans Prototype 2 (LMP2), des prototypes inférieurs qui n'en restent pas moins des acteurs majeurs de l'endurance, tant par leur diversité que par le spectacle offert ces dernières années. C'est la catégorie où est engagé le plus grand nombre, et où les performances sont telles que tout le monde a une chance de l'emporter.

L'équipe américaine United Autosports, et son Oreca 07 - Gibson, lors de la dernière édition en date des 24 Heures du Mans.
 ©  JOAO FILIPE / Joao Filipe / DPPI via AFP
L'équipe américaine United Autosports, et son Oreca 07 - Gibson, lors de la dernière édition en date des 24 Heures du Mans. © JOAO FILIPE / Joao Filipe / DPPI via AFP
Ici, pas de constructeur ou de motoriste officiels, les LMP2 font la part belle aux équipes indépendantes. Leur plateau est très varié, puisque leurs équipages mélangent les professionnels, les pilotes dits « platine » ou « gold », des amateurs, soit les « silver » ou « bronze », surnommés aussi les « gentlemen drivers ». Là aussi, on peut trouver d'anciens pilotes de formule 1, comme le Polonais Robert Kubica ou le Russe Daniil Kvyat, au départ en juin prochain.

• Le bal des Oreca 07

Techniquement, en revanche, les voitures se ressemblent beaucoup. Et pour cause, seuls quatre fournisseurs peuvent produire un châssis et une carrosserie… Sauf que, par la force des choses, cette année, ce sera encore plus simple que ça : toutes les équipes engagées en LMP2 – même les réservistes – ont choisi de travailler avec le constructeur français Oreca, ce qui transforme cette catégorie, de fait, en une course monotype.

Engagées en LMP2, les Alpine sont, comme toutes les concurrentes de leur catégorie, des Oreca 07 propulsées par un moteur Gibson.
 ©  JULIEN DELFOSSE / Julien Delfosse / DPPI via AFP
Engagées en LMP2, les Alpine sont, comme toutes les concurrentes de leur catégorie, des Oreca 07 propulsées par un moteur Gibson. © JULIEN DELFOSSE / Julien Delfosse / DPPI via AFP

Ainsi, ce sont 24 Oreca 07 qui vont se battre en juin prochain. Pour les propulser, pas le choix : toutes sont dotées d'un moteur Gibson V8 de 4,2 l, produisant 600 chevaux. C'est le seul autorisé par le règlement. Un peu moins lourdes que leurs grandes sœurs – 930 kg –, elles sont aussi un poil moins rapides. Mais l'écart avec la catégorie reine, impressionnant du temps des LMP1, est ici moins conséquent.

À LIRE AUSSI 24 Heures du Mans : la décennie JaguarAprès la révolution des Hypercars, la LMP2 connaîtra aussi d'importants changements, prévus pour 2025, avec comme mot d'ordre : limiter encore plus les coûts. En attendant, elles se distingueront sur la piste avec leur numéro de course bleu, couleur de la catégorie.

LMGTE-AM, les voitures de tous les jours… ou presque

Attention, chantier en cours ! Troisième catégorie présente cette année aux 24 Heures du Mans, les Le Mans Grand Tourisme Endurance (LMGTE) courent pour la dernière fois cette année. Contrairement aux prototypes Hypercars et aux LMP2, ces voitures n'ont pas été créées pour la course automobile en premier lieu. Ce sont des déclinaisons « compétition » de ce qu'on appelle des GT, pour Gran Turismo. Soit des véhicules de rêve, produits à peu d'exemplaires, qui sont par ailleurs sportifs et luxueux. Porsche, par exemple, aligne une 911 RSR 19 basée sur sa célèbre 911. On est certes loin de la voiture de Monsieur Tout-le-monde, mais la 911 fait néanmoins partie des GT que l'on croise le plus souvent dans la circulation.

Année de transition en GT, 2023 voit la disparition des GTE-Pro, bientôt remplacées par des GT3.
 ©  ALEXANDRE GUILLAUMOT / Alexandre Guillaumot / DPPI via AFP
Année de transition en GT, 2023 voit la disparition des GTE-Pro, bientôt remplacées par des GT3. © ALEXANDRE GUILLAUMOT / Alexandre Guillaumot / DPPI via AFP

Techniquement, l'idée ici est de conserver les lignes de la version « normale » de la voiture, ainsi que l'endroit où est situé son moteur (même si la 911 a justement bénéficié d'une dérogation lui permettant de faire migrer son flat-6 d'une position en porte-à-faux arrière à une installation centrale). Si c'est un atmosphérique, il ne doit pas dépasser les 5 500 cm3 de cylindrée. Pour les turbos, c'est 4 300 cm3. Plus lourdes, aux alentours de 1 250 kg, elles sont également moins rapides que les autres catégories. Développant 520 chevaux, elles peuvent tout de même atteindre les 300 km/h.

Cette Ferrari 488 GTE EVO, aux mains de la pilote Michelle Gatting, était engagée en LMGTE-AM lors des 24 Heures du Mans 2022.
 ©  JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Cette Ferrari 488 GTE EVO, aux mains de la pilote Michelle Gatting, était engagée en LMGTE-AM lors des 24 Heures du Mans 2022. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Constituée jusqu'à maintenant de deux catégories, une réservée aux écuries et pilotes professionnels, et une autre ouvrant les portes de la compétition aux amateurs, seule cette dernière sera en lice cette année. C'est pourquoi nous parlons des LMGTE-AM, pour « amateurs ». Année de transition oblige, certains pilotes professionnels seront quand même engagés ici, comme la redoutable Lilou Wadoux, jeune pilote française de 22 ans qui est la première femme à avoir été promue pilote d'usine chez Ferrari.

L'année prochaine, ces voitures feront place à des GT3 : l'esprit sera le même, mais il permettra, là aussi, de faire des économies. Pour les reconnaître sur la piste, leurs numéros seront en orange.

Et le garage 56 ?

Petit bonus pour la fin : depuis 2012 existe une nouvelle catégorie, où figure chaque année une seule concurrente. C'est le stand numéro 56, consacré aux CDNT (Car Displaying New Technologies), soit les voitures présentant une innovation. C'est ici notamment que s'est illustrée la Delta Wing de Nissan, qui n'avait rien à envier à la Batmobile de Batman.

Allignée en 2012 dans la Sarthe, la Delta Wing de Nissan a inauguré le garage 56, réservé aux voitures innovantes.
 ©  JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Allignée en 2012 dans la Sarthe, la Delta Wing de Nissan a inauguré le garage 56, réservé aux voitures innovantes. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

La Chevrolet Camaro ZL1, voiture évoluant en Nascar, occupera le stand 56 aux prochaines 24 Heures du Mans.
 ©  CHRIS GRAYTHEN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
La Chevrolet Camaro ZL1, voiture évoluant en Nascar, occupera le stand 56 aux prochaines 24 Heures du Mans. © CHRIS GRAYTHEN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Cette année, les 24 Heures du monde s'ouvriront à la Nascar, du nom de ce championnat américain où les pilotes se battent sur des circuits ovales, avec une Chevrolet Camaro ZL1. Plus grand champion de la discipline, l'Américain Jimmie Johnson sera aligné avec Jenson Button, titré en formule 1 en 2009, et avec l'Allemand Mike Rockenffeler, un habitué du Mans. Un trio séduisant pour donner un coup de projecteur à cette étonnante participation. Et de quoi ajouter encore un peu plus de sel à cette édition du 100e anniversaire.

*Une liste qui peut encore évoluer, les éventuelles défections étant remplacées par des équipes réservistes.

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Commentaires (3)

  • Daniellouis

    " fin des moteurs à explosion en 2035 il me semble "
    C'est comme la religion : il suffit d'y croire !

  • RT 49

    Durant les années 60 et 70 il y avait déjà d'énormes écarts entre les bolides et les voitures "de tourisme". Certains pilotes professionnels s'en plaignaient surtout la nuit quand, par exemple, une MGB apparaissait tout à coup dans le champs de vision d'un pilote de Ford GT40. Mais c'était la tradition des 24 H depuis l'origine et des Renault 4CV ou des Peugeot 203 ont fait la course dans les années 50, pour en tester/montrer la fiabilité.

  • alain 23

    Et l’écologie, elle n’est pas belle la vie ?
    fin des moteurs à explosion en 2035 il me semble