Stationnement des SUV, la drôle d’idée d’Hidalgo

Cela ressemble bien à un contre-feu destiné à éteindre la polémique sur le voyage de la maire de Paris dans les îles du Pacifique. En voulant faire payer plus cher la place de stationnement aux grosses voitures et aux SUV nommément désignés, elle tente d'effacer son empreinte carbone par une initiative discutable. Voilà pourquoi.

Les grosses hors la ville. En prenant comme critère la forme même du véhicule, c'est-à-dire le SUV, la maire de Paris discrimine un type de véhicule et d'usage. Assimilé au 4 x 4 qui n'a pas, selon elle, sa place en milieu urbain, le SUV correspond pourtant à un usage familial tout désigné. Il est, de surcroît, très prisé des conductrices qui s'y sentent plus en sécurité

Les électriques premières victimes. Ce n'est pas un dommage collatéral mais bien le centre de la cible puisque les véhicules électriques sont majoritairement des SUV. La carrosserie surélevée permet d'accueillir la technologie propre et notamment l'imposant pack de batteries. Elles seront tôt ou tard en seconde ligne derrière les hybrides qui, elles, n'auront probablement pas d'indulgence. Pour une ville qui prône l'emploi des mobilités douces, c'est pour le moins paradoxal

Place réservée. Un tarif différent pour les grosses voitures devrait offrir un service différent et prendre en compte l'emplacement qui leur est réservé le long du trottoir. Actuellement de 5 mètres de longueur et de 2,30 m de largeur, une place de stationnement permet déjà d'accueillir la plupart des véhicules en service. Mais afin de permettre une manœuvre facile sans toucher les véhicules devant et derrière, il serait utile d'avoir des places dédiées aux seules grosses voitures, dans l'idéal pour certaines munies de bornes de recharge. À cette condition, l'initiative de Hidalgo serait recevable.

Gêne aux entournures. La plupart des automobilistes parisiens possédant un SUV disposent aussi d'un parking réservé au domicile, parfois même au bureau. En revanche, ce sera un problème pour les visiteurs venus de banlieue, de province ou de l'étranger. En parking public souterrain, la question du surcoût du stationnement ne se pose pas encore mais se pose un autre problème avec des emplacements conçus autour de voitures beaucoup plus compactes jadis. Le changement de taille au nom de la sécurité et des équipements toujours plus nombreux rend souvent périlleux l'accès d'un véhicule moderne dans les parkings anciens.

Une consultation cousue de fil blanc. Sur son site et dans sa vidéo, Mme Hidalgo utilise une affiche qui emprunte l'image d'une association ouvertement anti-automobile. La question posée à destination des seuls résidents exclut tout autre usager des voies parisiennes qui se montre par là même de moins en moins accueillantes. En faisant la chasse aux voitures de toutes sortes, ce sont les SUV aujourd'hui qui sont traqués, les moyennes et compactes demain ou après-demain. Enfin, les Parisiens sont réputés fatalistes sur des décisions qui pourtant impliquent leur vie au quotidien. Ce fut le cas avec l'interdiction des trottinettes massivement adoptée par 89 % des votants qui n'étaient que 7,46 % des électeurs inscrits ! Une participation ridicule qui ressemble bien à l'élection de la maire de Paris.