Reportage

« On veut du concret » : les agriculteurs s’installent aux portes de Paris

REPORTAGE. Bien installés sur l’autoroute A15, au niveau d’Argenteuil, en direction de Paris, les agriculteurs ont écouté le discours de politique générale de Gabriel Attal, sans trop y croire.

Par Arnaud Paillard

Une cinquantaine d'agriculteurs se sont installés sur l'A15, au niveau d'Argenteuil, en direction de Paris.
Une cinquantaine d'agriculteurs se sont installés sur l'A15, au niveau d'Argenteuil, en direction de Paris. © Arnaud Paillard

Temps de lecture : 3 min

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L'endroit est stratégique. Depuis lundi, une cinquantaine d'agriculteurs tiennent un blocage sur l'autoroute A15, au niveau d'Argenteuil, en direction de Paris. En ce mardi après-midi, on fraternise avec les policiers venus sécuriser le barrage autour d'un chili con carne généreux, on se sert de la bière du Vexin à la tireuse et on se relaie pour agiter des drapeaux face aux automobilistes qui roulent vers la province, sous les coups de klaxon enthousiastes.

Les nouvelles annonces de Gabriel Attal ? On les attend, bien sûr, mais sans en espérer grand-chose. « Le souci, c'est que personne au gouvernement ne comprend les problématiques des agriculteurs », confie Rodolphe Thomassin, agriculteur céréalier dans le Vexin français. Le long de l'autoroute, les problèmes de l'agriculture française s'égrènent : les augmentations des charges, les contraintes trop fortes, etc. « On s'adapte en permanence, mais on nous empêche de travailler. Laissez-nous travailler, c'est tout ce qu'on demande », s'exclame Rodolphe Thomassin.

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Celui qui est également maire d'une petite commune de 35 habitants dans le Vexin fait un parallèle entre les contraintes qui pèsent sur les agriculteurs et sur les petites communes. Sa seule secrétaire de mairie ne peut plus assumer toutes les tâches de contrôle sur l'habitat, l'environnement, la voirie… « Il nous faudrait embaucher des secrétaires dans les exploitations pour nous accompagner dans toutes les tâches administratives, mais notre rentabilité s'effondre, nos exploitations s'effondrent », souffle l'agriculteur.

« Les agriculteurs veulent du concret, pas des promesses »

15 heures. On cherche une télé. Il y a tout ce qu'il faut pour tenir un siège sur l'autoroute, y compris des toilettes sèches, mais personne n'a pensé à prendre un poste de télévision. Qu'importe. On se rassemble sous la tente et quelqu'un met le discours de politique générale du Premier ministre sur la grosse enceinte qui crachait auparavant un tube de Louise Attaque. Les plus anciens s'assoient sur un banc en fumant des cigarettes pendant que les plus jeunes continuent à agiter les drapeaux des syndicats devant les automobilistes. Les visages concentrés. Peu de réactions en écoutant le discours du Premier ministre. « Il se fait plaisir », lance un agriculteur quand Gabriel Attal évoque le bilan de l'action d'Emmanuel Macron en termes de baisse du chômage et de réindustrialisation.

Léger applaudissement à un moment : le Premier ministre parle d'allègement des normes. Même si le thème abordé était le logement, on approuve. Sur le barrage de l'A15, on ne parle pas de convergence des luttes, mais on est persuadé que tout le monde en a marre de l'excès de réglementations. Les circonstances semblent leur donner raison. Le discours du Premier ministre est parfois noyé par les coups d'avertisseur d'un poids lourd qui passe de l'autre côté du rail de béton. « On en a ras le cul ! » lance l'un d'eux.

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15 h 30. Les oreilles se dressent quand Gabriel Attal évoque une grande politique de simplification. « Les agriculteurs veulent du concret, pas des promesses », commente Rodolphe Thomassin. Plus loin, certains ont déjà arrêté d'écouter et découpent d'énormes quantités d'oignons. « Ce soir, c'est tartiflette », se réjouit l'un d'eux. « C'est long en fait », s'étonne un des participants en parlant du discours du Premier ministre.

L'attention se perd, on retourne mettre des bouts de palette dans le feu. Camille, un agriculteur venu prêter main-forte au blocage de Paris depuis les Ardennes, reconnaît que les agriculteurs ont obtenu une avancée sur le gazole non routier (GNR). « Mais la question est : peut-on continuer à produire et être écologique ? Est-ce qu'il est possible de protéger l'environnement en étant productiviste ? » demande Camille. Un « en même temps » qui paraît difficile à atteindre pour les agriculteurs, en tout cas sans aide.

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Commentaires (3)

  • Skyrunnernumber1

    Ma façon de les soutenir ! Je n'achète que de la viande, rouge ou volaille, 100% française, idem pour le miel, l'huile d'olive, etc. , pas de produit contenant de l'huile de palme et depuis ce matin je n'achète plus un seul produit Lactalis et ses marques dérivées.

  • INTERSTELLAR

    La voix de son maître. Le vent des promesses d’un État en faillite ne valent pas tripette ! Fuyez loin, très loin ce pays perdu.

  • neyam

    C'est scandaleux que fait mr Belliar et Hidalgo pour bouter les tracteur au diesel en dehors de Boboland. ? Tout cel a produit du CO2 et ce n'est pas bon pour la planète