Pâques : ce que les catholiques célèbrent durant la Semaine sainte

C’est l’un des temps forts de l’année pour les chrétiens, qui commémore le martyr de Jésus jusqu’à sa Résurrection. Voici comment les Écritures l’organisent.

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La Cène (1495–1497), de Léonard de Vinci (1452–1519), peinture murale visible dans le réfectoire du couvent Santa Maria delle Grazie, à Milan.
La Cène (1495–1497), de Léonard de Vinci (1452–1519), peinture murale visible dans le réfectoire du couvent Santa Maria delle Grazie, à Milan. © akg-images / Pietro Baguzzi / VINCI-akg-images / Pietro Baguzzi

Temps de lecture : 6 min

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Arrivé pour la Pâque juive à Jérusalem, Jésus va connaître en une semaine à la fois le triomphe et l'horreur, avant la gloire de la Résurrection. Sommet de l'année liturgique pour les chrétiens, la Semaine sainte n'a été célébrée qu'après la reconnaissance du christianisme comme religion officielle de l'Empire romain en 380. Auparavant, les chrétiens commémoraient l'événement lors d'une veillée, du coucher du soleil du samedi jusqu'à l'aube du dimanche, ce dont témoigne ici la Didascalie des apôtres, texte de l'Église ancienne qui nous est connu par sa version syriaque.

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Après l'officialisation du christianisme, on commença à « insti­tutionnaliser » les lieux saints de Jérusalem : la basilique du Saint-Sépulcre fut construite là où, pensait-on, le Christ avait été mis au tombeau ; on « découvrit » la Sainte Croix, qui devint un objet de dévotion. D'après le journal de voyage d'Égérie, daté du IVe siècle, un long office itinérant commémore à travers les rues de la ville les étapes du martyr de Jésus, tel que le racontaient les Évangiles : on célèbre le dernier repas du Christ par le biais de l'eucharistie au martyrium du Saint-Sépulcre ; on se recueille devant la colonne où, le soir de son arrestation, il aurait été attaché et flagellé ; on adore la Croix sur la colline du supplice, etc. Ce rite sera intégré dans la liturgie au VIIIe siècle et perpétué, depuis, tous les Vendredis saints.

À LIRE AUSSI Metin Arditi : « Certains passages des Évangiles sont d'une grande naïveté » Mais l'Église n'a pas voulu limiter la commémoration au seul jour de la mort du Christ et l'a étendue sur trois jours, le « triduum pascal », qui commence au soir du Jeudi saint, jour de la Cène, et se termine le dimanche de Pâques, avec la Résurrection. « Il faut que nous observions non seulement le jour de la Passion, mais aussi celui de la Résurrection, écrivait ainsi saint Amboise de Milan en 386 à des évêques italiens. En sorte que nous ayons un jour d'amertume et un jour de liesse, que ce jour-là nous jeûnions et que celui-ci nous soyons rassasiés. C'est là ce triduum sacré pendant lequel il a souffert, il s'est reposé et il est ressuscité ; au sujet duquel Il a dit : “Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours.” »

Le pardon des péchés

Que se passe-t-il le Jeudi saint ? Ce soir-là, comme le raconte ici saint Marc, Jésus dîne avec ses douze disciples, repas de fête à l'occasion de la Pâque juive, Pessa'h, qui célèbre la libération des Hébreux d'Égypte. C'est la fameuse Cène, célébrée par tant de peintres, dont Léonard de Vinci (1452-1519). Les premiers temps du christianisme, cette journée du jeudi est surtout comprise comme une préparation à ce qui va suivre. Les pécheurs repentants recevaient l'absolution (le pardon) de leurs péchés et étaient réintégrés dans la communauté chrétienne.

Aujourd'hui, quelques heures avant la commémoration de la Cène, l'évêque consacre les huiles nécessaires au baptême et à la confirmation dans la cathédrale, la principale église de sa juridiction. Le soir a lieu une messe commémorative, avec en première lecture un extrait de l'Exode, consacrée au repas de sacrifice qui précéda la sortie des Hébreux d'Égypte. La seconde lecture raconte la Cène elle-même. Il arrive que le prêtre lave les pieds de quelques participants, comme Jésus l'a fait lui-même ce soir-là. Geste de purification, mais aussi d'humilité que, des quatre Évangiles, celui de Jean est le seul à rappeler, et qui à l'époque était confié aux esclaves non juifs, d'où les réticences des apôtres.

À LIRE AUSSI Christian Krieger : « Arriver à envisager l'inconcevable » Comme le raconte encore Marc, Jésus procède ensuite au partage du pain et du vin, se donnant lui-même en sacrifice : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », initiant alors la première eucharistie. Quand cette messe du Jeudi saint est terminée, le « saint sacrement » – les hosties consacrées – est retiré de l'église ; l'autel est dépouillé de ses ornements ; on voile les croix et les statues, et on éteint les cierges en souvenir de Jésus qui sera bientôt dépouillé de tout. En effet, parti prier après le dîner dans un jardin des environs de Jérusalem, il est arrêté. D'abord retenu dans la maison du Grand Prêtre, Jésus est ensuite présenté aux différentes autorités de Judée, le Sanhédrin (l'assemblée traditionnelle du peuple juif), Ponce Pilate (représentant de Rome, puissance occupante) et Hérode, le roi fantoche.

Insulté, torturé, il est condamné à mort sous prétexte de s'être présenté comme le roi des Juifs. Arrivé au mont du Golgotha, il est cloué sur la croix. C'est ce drame, la Passion, que commémore le Vendredi saint, deuxième jour du triduum. Pour les chrétiens, ce jour-là, Dieu se tait, laissant son Fils aller jusqu'au bout de son destin. « Le fils de l'homme va être libéré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu'il aura été tué, trois jours après, il ressuscitera » (Marc, 9:31).

Depuis 1955, dans le catholicisme, l'office de la Passion est fixé à la neuvième heure, l'heure présumée de la mort du Christ, soit 15 heures. Y sont lus notamment des extraits du Livre d'Isaïe (Is 52 : 13-15 ; 53 : 1-12), de l'Épître aux Hébreux et le récit de la crucifixion de l'Évangile de Jean. Les fidèles doivent éviter de manger de la viande pour exprimer pénitence et deuil. Commence alors l'attente.

Sortie des ténèbres

Le samedi, ni messe ni eucharistie. Le soir, les fidèles se réunissent pour la veillée pascale, quelques heures aujourd'hui contre une nuit entière aux premières heures du christianisme. Elle commence après la tombée de la nuit et s'ouvre par la bénédiction du feu nouveau, un grand brasier allumé à l'extérieur de l'église. L'une de ses flammes va servir à allumer le cierge pascal, symbole du Christ ressuscité. Les fidèles marchent en procession vers l'église laissée dans l'obscurité. Symbole de la sortie des ténèbres. Au milieu de l'église, le feu du cierge pascal est transmis aux cierges des fidèles. Aux premiers temps de l'Église, cette veillée était aussi l'occasion pour les catéchumènes, ceux qui se préparaient à recevoir le baptême, de confesser leur foi, avant d'être baptisés et de partager l'eucharistie pour la ­première fois.

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Le jour de Pâques, Jésus est ressuscité ! Comme le raconte saint Luc (mais le récit varie suivant les Évangiles), le troisième jour après la crucifixion, les femmes venues s'occuper du corps trouvèrent le tombeau vide et, informées par un inconnu que le Christ était ressuscité, coururent en informer les apôtres. Pour les orthodoxes, l'annonce de la Résurrection se fait lors de la veillée pascale, à minuit ; pour les catholiques, quand les « cloches reviennent de Rome », avant la messe du dimanche.

Fête la plus importante du calendrier chrétien, Pâques (Pâque sans « s » pour les orthodoxes) est la fête de la joie, celle qui célèbre, à travers la résurrection du Christ, la libération du mal et de la mort, et l'entrée dans la vie de Dieu. Événement si essentiel que, jusqu'au IIe siècle, sa commémoration avait lieu chaque dimanche, avant de devenir annuelle. Lors du concile de Nicée, en 325, il fut décidé qu'elle aurait lieu le dimanche qui suit la pleine lune après l'équinoxe de printemps, entre le 22 mars et le 25 avril, les dates ne coïncidant pas entre Églises catholique, protestante et orthodoxe, car cette dernière suit le calendrier julien.

Bénédiction papale

Le lundi de Pâques, férié, est une réminiscence du temps où la fête s'étendait encore sur la semaine suivante. Les festivités sont marquées par une messe solennelle le matin, et à Rome, pour les catholiques, par la bénédiction papale urbi et orbi (« à la ville et au monde »). Pendant l'office, on encense le cierge pascal et l'on asperge l'assemblée d'eau bénite. Les lectures racontent comment Pierre a annoncé la bonne nouvelle, et comment le tombeau fut trouvé vide. Après l'office, la tra­dition – encore très présente dans l'orthodoxie – est de se retrouver autour d'un repas où est servi de l'agneau, en souvenir du sacrifice du Christ. Autre « rite » de Pâques ? La distribution des œufs, en chocolat chez les Latins, coloriés et décorés dans le monde orthodoxe, qui en a fait des porte-bonheur.

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Commentaires (10)

  • guy bernard

    La Résurrection est tout simplement la résurrection de la nature et l'éternité du cycle de la nature.
    A la fin de l'hiver, on venait de subir des epreuves, le froid et la faim, et on présente un peuple (les hébreux) ou un homme (le christ) qui ont souffert plus que nous.
    Aujourd'hui, nous avons la chance d'etre bien moins sensibles aux saisons et de tout trouver toute l'année, mais nos anciens étaient au bout de leurs réserves et il fallait faire la soudure jusqu'au printemps.

  • Sin Pous

    Est le symbole de la victoire de la vie sur la mort

  • Cassandra-pythie

    Étonnée et un brin agacée par votre évocation erronée des Chrétiens qui se limiteraient selon vous aux Catholiques, je vous rappelle que la Chrétienté comprend aussi les Protestants. Joyeuses Pâques !