L’UE démasque les aides chinoises à l’automobile

Vent frais sur les relations entre le Vieux Continent et l'empire du Milieu. L'enquête lancée à l'automne dernier par la Commission européenne pour cerner d'éventuelles aides aux constructeurs locaux a porté ses fruits. C'est du moins ce qu'annonce l'UE au terme d'investigations menées sur place qui établissent que les subventions aux exportations de voitures électriques conduisent à des tarifs très compétitifs lorsqu'elles arrivent sur les marchés européens.

Et il n'y a pas que l'Europe car l'ensemble des marchés mondiaux subit ces coups de boutoir économiques, l'automobile ayant été clairement choisie comme outil de conquête planétaire. Le montage est d'autant plus habile qu'il passe par une technologie de rupture avec la voiture électrique que la Chine a su imposer à l'Occident et au Japon, selon des méthodes qui restent à expliciter.

L'UE affirme détenir des preuves formelles de transferts d'argent, l'abandon de dettes et d'autres avantages qui faussent la concurrence. Elles ne profitent naturellement qu'aux seuls véhicules chinois, les modèles étrangers « made in China » en étant dépourvus.

Cela explique la guerre des prix déclenchée par quelques marques chinoises lancées dans une baisse vertigineuse des prix. Avec des effets immédiats sur les ventes. « Entre octobre 2023 et janvier 2024, il y a eu 177 839 importations de véhicules, soit une augmentation de 11 % par rapport à la même période de l'année précédente », indique la Commission. Celle-ci compte examiner les marques les plus performantes dans cette guerre, c'est-à-dire MG (SAIC), Geely et BYD. Les enquêtes seront même élargies aux semi-conducteurs mais aussi aux produits pharmaceutiques.

Droits de douane alourdis

Une première mesure devrait être prise en juillet prochain en doublant les droits de douane (de 10 % actuellement) avec, ce qui est plus étonnant, un effet rétroactif. La chambre de commerce chinoise a naturellement déploré cette vision des choses en expliquant les ventes en augmentation par l'attrait croissant des consommateurs pour les voitures électriques. Un argument discutable en France puisque ce sont surtout les remises constructeur pour compenser la suppression des bonus pour les voitures chinoises qui ont été le moteur de la croissance. Et ces remises ont été financées par les aides indues dénoncées par l'UE.

L'urgence d'une réaction musclée commandait car la pénétration des constructeurs chinois met en péril la santé économique de leurs homologues européens, et par conséquent l'emploi. Une situation qui ne se serait jamais présentée si l'UE avait programmé une transition douce vers l'électrique sans interdire le thermique. C'était possible dès l'instant où celui-ci est devenu plus vertueux et aurait maintenu la suprématie européenne dans un domaine technologique où la Chine n'a pas de compétence reconnue. Au nom de l'écologie, cela n'a pas été fait et c'est en grande partie en raison de cette décision que l'UE a fragilisé son industrie automobile. Les Chinois, après l'électroménager, l'informatique, la téléphonie, les panneaux solaires, etc., ont jeté leur dévolu sur l'automobile comme outil de conquête et se sont dotés des moyens pour réussir.