Maxus T90 EV : un pick-up qui trace son sillon

Venu de Chine et à moteur électrique, cet utilitaire de loisirs s’engouffre dans une brèche fiscale et technique où, en Europe, il est bien seul.

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Maxus T90 EV : un pick-up qui trace son sillon
Maxus T90 EV : un pick-up qui trace son sillon © (c)PatriceMaurein

Temps de lecture : 6 min

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Une nouveauté qui a pourtant 7 ans et se montre unique dans son domaine, voilà le cahier des charges accompli du Maxus T90 EV. A priori, il n'a aucune chance avec une arrivée tardive en France alors qu'il est diffusé dans une dizaine de pays européens. Néanmoins, il va falloir compter avec lui, car il dispose d'une caractéristique unique en son genre : il n'a aucun rival sur le marché.

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En effet, aucun constructeur ne propose encore un pick-up double cabine capable d'emmener 5 personnes, avec un plateau de charge d'une tonne, capable de tracter une autre tonne et de se jouer de tout malus écologique grâce à sa motorisation électrique. En dépit de ses origines chinoises – Maxus appartient au groupe SAIC qui diffuse également MG – le T 90 propose aux artisans un véhicule de chantier qui sera capable, après un coup de jet le week-end venu, d'emmener la famille en pique-nique ou en sortie de loisirs.

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Les ingrédients classiques du pick-up sont là avec une énorme calandre chromée à l'américaine, surmontée d'un Maxus en lettres capitales répété sur la ridelle arrière. La double cabine perchée en hauteur, sécurisée par un gros arceau chromé, et la garde au sol apparaissent prometteuses de virées en tout terrain. Erreur pourtant car, malgré les apparences, le T90 ne dispose que d'une garde au sol de 18,7 cm. Pas de quoi pavoiser dans les ornières et encore moins dans les côtes où ces deux seules roues motrices à l'arrière paraîtront bien insuffisantes.

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Après tout, pour exécuter des chantiers, cela fera l'affaire dans la plupart des cas sauf que le véhicule est tout de même facturé 60 000 euros. À ce tarif, on commence à être un peu exigeant, mais, ainsi que le dit Antoine Maria, le DG de Maxus : « Comme nous n'avons pas de concurrents, il est permis de faire le tarif que l'on veut. » Sous-entendu que le jour où une concurrence pointera le bout du capot, les prix pourront dégringoler allègrement, comme d'ailleurs le cousin MG le démontre chaque semaine sur ses voitures de route.

Cheval de Troie

Maxus, arrivé en France en novembre 2023, a abordé le marché hexagonal hérissé d'épines antichinois avec le cheval de Troie qui va bien. Plusieurs fourgons, également électriques puisque c'est sa marque de fabrique, et maintenant un pick-up figurent dans la gamme naissante. Ce dernier ne manquera pas d'être épaulé à l'automne par un autre modèle plus cohérent car, cette fois, conçu réellement autour de l'électrique.

Car le défaut manifeste du T90 est que l'étude remonte à une dizaine d'années selon des normes chinoises de véhicule thermique. Partant de ce classique châssis échelle à pont rigide, les ingénieurs ont tranquillement installé à la place de ce dernier un moteur électrique entraînant directement les roues arrière. Mais en retenant l'architecture initiale qui fait que ce moteur installé sans autre recherche vient peser sur les masses non suspendues.

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Ce trait habituel des utilitaires le destine, avec les inévitables ressorts à lames bien fermes, à emporter des charges. La tenue de route varie dès lors selon le poids embarqué mais Maxus s'en tire convenablement, avec un inconfort notoire à vide. Autre observation, c'est ce gros moteur électrique bien visible à l'arrière qui détermine la garde au sol dans une position qui l'expose aux mauvais coups du tout-terrain. Comme il est de coutume avec un pick-up, l'amortissement est plutôt calculé pour une demi-charge et l'efficacité recherchée de la suspension se retrouvera à ce point précis. Nous avons essayé ce véhicule à vide, ce qui explique les coups de raquette enregistrés à l'arrière.

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La direction n'est pas non plus d'une grande vivacité mais elle appartient plus à l'univers des utilitaires même si la conformation du pick-up le destine à la marge à un usage mixte travail loisirs. Facile en effet d'embarquer du matériel de sport sur le plateau arrière (1 485 x 1 510 mm) et pour ne pas se le faire voler, d'opter pour un couvre tonneau verrouillable ou un rideau. Un plateau de charge coulissant est également proposé au rang des accessoires. Les roues de 17 pouces flottent un peu dans les passages d'ailes généreusement élargis. Elles sont dotées de pneus Michelin 4 saisons proposés en option à 850 euros à la place des Giti chinois de série que nous n'avons pu tester. L'adhérence des Michelin sur sol relativement sec en tout chemin est bonne et on peut envisager un peu de franchissement compte tenu de l'angle d'attaque de 27 degrés à l'avant et de l'angle de fuite de 24 degrés à l'arrière. Maxus avance aussi une capacité à franchir les gués jusqu'à 550 mm.

Recettes rustiques mais éprouvées

Rien d'exceptionnel avec ce moteur qui va faire trempette et dont les 130 kilowatts (177 chevaux) et le couple maximal de 310 Nm doivent remuer cet engin conséquent de 5,36 m de longueur et pesant 2,3 tonnes. La faute à son architecture utilitaire robuste et au pack de batteries ancré sous la cabine. Celles-ci sont des lithium fer phosphate un peu moins sophistiquées mais plus robustes et moins coûteuses que les lithium ion. Avec une capacité de 88,55 kWh et un freinage régénératif, le T90 EV revendique 330 kilomètres d'autonomie en usage mixte et jusqu'à 471 kilomètres en usage urbain. Maxus annonce un temps de recharge entre 9 et 13 heures sur une wallbox de 11 ou 7 kW. Une recharge rapide de 20 à 80 % pourra être obtenue sur une borne de 90 kW en 45 minutes mais nous n'avons pas pu le vérifier.

Plus proche de l'encombrement d'un fourgon que d'une voiture, le T90 réclame une prise en main attentive pour en cerner les contours. Si la performance ne dépasse pas les compétences du conducteur moyen. Les accélérations peuvent être qualifiées de suffisantes et la vitesse de pointe à 120 km/h permettra de prendre éventuellement l'autoroute, ce qui n'est pas son terrain de prédilection. Manifestement taillé comme un véhicule utilitaire, le Maxus applique les codes avec ces marchepieds pour accéder à la cabine par les quatre portes battantes.

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La finition est correcte, conçue pour jouer les durs à cuire mais disposant quand même de quelques douceurs bienvenues. Le tableau de bord étonne avec des cadrans à affichage classique et un manomètre témoignant de la capacité résiduelle de la batterie. Un écran tactile de 10 pouces trône au centre de la planche de bord mais pèche par une sensibilité insuffisante sous les doigts. Il faut appuyer fort pour obtenir la commande voulue, que ce soit la climatisation également accessible par des touches directes, la navigation, le Bluetooth, la connexion des smartphones. Ajoutons des prises USB, une autre pour des accessoires électriques et encore la caméra de recul.

Pas moins de 8 airbags sont disséminés dans l'habitacle, les sièges avant sont électriques et sur le plan dynamique, le châssis reçoit le renfort de l'ESP, d'une aide au démarrage en côte et d'un contrôle de retenue en descente. Un gros sélecteur rotatif distribue les différents programmes de marche dont nous n'avons pas vraiment saisi autre chose que des nuances entre la position économique, la standard et la Power dite « sportive ».

On n'attendait pas autre chose d'un utilitaire bien sûr, pas plus que ses modestes performances. Son prix démarre à 59 880 euros et un argument massue, son moteur électrique le met à l'abri du malus là où les concurrents thermiques sont laminés par un tarif maximal de 60 000 euros. Unique en son genre, la voie est tracée pour le Maxus T90 EV, disponible déjà dans 14 concessions et, à terme, une centaine en France et dans les DOM-TOM. En attendant ce déploiement, pour faciliter l'assistance, un accord avec Norauto a été conclu sur un véhicule par ailleurs garanti 5 ans ou 100 000 kilomètres et la batterie 8 ans ou 160 000 kilomètres.

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Commentaires (2)

  • Guilhot

    Un utilitaire de loisirs... Bel oxymore

  • xwm38

    Les véhicules utilitaires thermiques ne sont pas soumis au malus.