Alfa Romeo Milano, finalement ce sera « Junior »

Revirement de dernière minute, pour ne pas froisser les susceptibilités italiennes, Stellantis rebaptise sa dernière création avec un nom passe-partout.

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Passé au crossover, le maître des berlines cède à la mode au risque d'ébranler son identité.
Passé au crossover, le maître des berlines cède à la mode au risque d'ébranler son identité. © DR

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C'est une négligence qui va coûter pas mal d'argent à Alfa Romeo. En décidant, alors qu'il vient tout juste de révéler l'existence du modèle et son nom (voir nos éditions du 11 avril), le groupe franco-américano-italien ne sort pas grandi d'une impréparation manifeste. Alors qu'il tente d'élargir la gamme du constructeur au trèfle à quatre feuilles, né en 1910 à Milan, Stellantis a dû revoir de toute urgence sa copie afin de ne pas froisser les susceptibilités du gouvernement de Giorgia Meloni.

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Ce tête-à-queue peu glorieux a été annoncé hier par le directeur général du groupe, Carlos Tavares, à l'occasion d'une visite de l'usine de Metz Tremery qui assemble les moteurs électriques M2 et M4 pour les véhicules zéro émission du groupe. « Le nom de l'Alfa Romeo Milano n'était pas approprié pour le gouvernement italien a-t-il déclaré puisque la voiture est assemblée en Pologne où sont produites également des voitures de plateforme et de spécificité similaire, même si elle a été conçue et développée à Turin. »

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En effet, un règlement italien datant de 2003 stipule qu'un produit manufacturé hors de la Botte ne peut revendiquer un nom à consonance italienne. Même si cette règle a surtout été pensée pour les produits alimentaires, dans un contexte social tendu entre les syndicats italiens et Stellantis, elle a été opportunément ressortie de l'oubli. Il semble que ce soit la première fois qu'elle s'applique à un modèle automobile, non sans raison puisque l'Alfa Romeo Milano est produite à Tichy, en Pologne, sur une plateforme déjà largement partagée par les cousines de Peugeot, DS, Opel, Fiat et Jeep.

Question origine italienne, on admettra que le compte n'y est pas. Adolfo Urso, le ministre de l'Industrie, a donc mis les points sur les « i » en affirmant que cette production délocalisée constitue un affront pour l'Italie et une tromperie du consommateur qui pourra croire à une origine italienne du produit. « Une voiture appelée Milano doit être produite en Italie. Sinon, cela constitue une indication trompeuse interdite par la loi italienne », a-t-il tancé.

Les voitures devraient revendiquer une AOC

Le prétendu développement du modèle à Milan ne concerne que les aspects esthétiques intérieur et extérieur qui, il faut bien le dire, constituent l'essentiel aujourd'hui de la nouveauté d'un modèle électrique. Pour autant, peut-on apposer une AOC de convenance sur ces véhicules devenus hors-sol et sans identité, quelle que soit la marque ? Y retrouver ses gènes relève du tour de passe-passe, ce que les constructeurs sont aujourd'hui accoutumés à faire. Mais sagement, Stellantis a obtempéré.

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Il y a néanmoins un fautif dans cette affaire qui a laissé passer cette énorme bourde, parfaitement identifiée des Italiens. Le signal d'alarme a-t-il été lancé ? Si oui, pourquoi n'a-t-il pas été écouté ? Cette négligence va contraindre à changer le nom de Milano au profit discutable de « Junior » qui est un terme plus évasif et surtout inoffensif. Même si des Alfa Romeo GT Junior, d'ailleurs très attachantes, ont été produites entre 1966 et 1974, on ne peut pas dire que ce nom ait marqué l'histoire.

Disséminé partout sur la voiture et dedans, sur les documents et les publicités, le nom de Milano va céder la place à "Junior" et la note risque d'être salée.
Disséminé partout sur la voiture et dedans, sur les documents et les publicités, le nom de Milano va céder la place à "Junior" et la note risque d'être salée.

Il va donc falloir changer sur les voitures tous les marquages intérieur et extérieur et bien évidemment tous les documents commerciaux et publicitaires ayant trait au modèle. Mais c'est surtout le signe évident de crispations entre les syndicats et le gouvernement de Giorgia Meloni qui s'inquiètent de voir leurs usines vidées de leurs productions. L'affaire de l'Alfa Romeo Milano pourrait bien faire figure d'avertissement au moment où Stellantis avance que la production en Italie de la Milano-Junior aurait coûté 10 000 euros de plus.

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Commentaires (10)

  • guy bernard

    Stellantis fait ce que l'Europe a voulu : la conception en Europe et la fabrication à moindre cout ailleurs, et nous avons de la chance qu'on n'ait pas sélectionné la Chine mais la Pologne.
    Par contre, si l'Europe et l'Italie veulent une production domestique, il lui faut changer de stratégie et la centrer sur la production et non plus sur la gestion de crise du lobby politico-administratif.
    Quant à Alfa, depuis combien de temps n'a-t-elle pas produit de véhicules dignes de son héritage ? Comme Lancia et bien d'autres marques.

  • Commel’air

    Stellantis Peugeot a d’autant moins d’excuses que la maison de Sochaux avait interdit au début des années 60 àPorsche d’appeler 901 le coupé successeur de la 356. Lequel a fait sous le nom de 911 la carrière que l’on sait. L’alfa ex-milano Junior fera-telle aussi bien ?
    Quant au nationalisme italien des dénominations, il est un peu ridicule, au pays qui produit des Lamborghini baptisées du nom d’elevages de taureaux espagnols, des Maserati qui portent le nom local des vents turbulents de la Méditerranée et des Ducati Scrambler. Les autorités romaines seraient plus inspirées de réfléchir à la raison pour laquelle les autos italiennes sont faites en Pologne p’utot qu’au bel paese. Rt de refiler leurs conclusions ensuite à notre gouvernement. .

  • Djill-59

    Deux 155, deux 156 (dont une des premières arrivées en France avant d'être élue voiture de l'année) et deux 156 Sportwagon (break sportif). Les gens se retournaient au passage de ma première 156, rosso Alfa. Je me suis même fait gentiment arrêter par 2 flics lillois sympa qui voulaient juste voir l'intérieur et savoir comment on ouvrait les portes arrière, dont on ne soupçonnait pas l'existence et qui n'avaient pas de poignée. Effectivement, ces autos, dessinées par le Centro Stile, avaient "quelque chose de plus". Avec Stellantis, les autos sont devenues d'une affligeante banalité en même temps qu'hors de prix.