Paris : plus de pistes cyclables mais toujours autant de carburant brûlé

L’effet des mesures prises par la Ville de Paris pour réduire la place de la voiture est difficilement perceptible dans les ventes d’essence et de diesel.

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La poltique parisienne basée sur l'extension des pistes cyclables ne semble pas porter ses fruits.
La poltique parisienne basée sur l'extension des pistes cyclables ne semble pas porter ses fruits. © ANDBZ / ANDBZ/ABACA

Temps de lecture : 3 min

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Plus de 70 millions d'euros investis dans les pistes cyclables, plusieurs dizaines de milliers de places de stationnement supprimées, les voies sur berge fermées aux voitures 2016… Difficile de faire plus que la Ville de Paris dans la réduction de la place accordée à l'auto, objectif assumé du « plan vélo 2015-2020 ».

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À première vue, les résultats se voient à la pompe. Les données du Comité professionnel du pétrole (CPDP) que Le Point a consultées montrent une baisse spectaculaire des ventes de carburant à Paris. Elles ont chuté de 10 % entre 2019 et 2022, soit 24,7 millions de litres brûlés en moins.

Ce résultat impressionnant, toutefois, est très probablement la conséquence de la raréfaction des stations-service intrapériphériques. Selon un décompte du Parisien, 14 ont fermé entre 2018 et l'an dernier. Il en restait 47 seulement fin 2023. Qu'en est-il des ventes de carburants à une échelle plus large, par exemple la capitale et les départements qui l'entourent ?

Succès en trompe-l'œil

En considérant Paris, l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et le Val-d'Oise, la consommation de carburant recule encore : – 4,8 %, toujours entre 2019 et 2022. Au premier abord, c'est un bon chiffre. En France, les ventes d'essence et de diesel ont reculé de 1 % seulement entre 2019 et 2022. Paris et les départements voisins feraient donc presque cinq fois mieux que la moyenne !

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De là à conclure que l'énergique politique antivoiture menée par la majorité d'Anne Hidalgo y est-elle pour quelque chose, il y a une marge. Les ventes de carburant sont sensibles à bien d'autres facteurs que les aménagements en faveur des transports en commun et des mobilités douces : la conjoncture économique, la désindustrialisation, l'électrification progressive du parc automobile…

Or, les données du CPDP montrent que les ventes de carburant ont également baissé dans des régions et des départements qui n'ont décrété aucune chasse à l'auto sur la période 2019-2022 : – 4,9 % en Savoie, – 4,7 % en Bretagne, etc. Exactement la même évolution qu'à Paris et dans les départements limitrophes !

Grand Paris, un parc de véhicules presque stable

Si le taux d'équipement automobile des ménages parisiens a baissé de dix points en vingt ans (il est descendu à 33,5 % contre 85 % dans le reste du pays), les besoins de transports n'ont pas diminué au même rythme. Les Parisiens sont plus que jamais les champions de France de la livraison à domicile et de l'emploi des taxis et VTC. La Mairie de Paris ambitionne d'aller encore plus loin en faveur du vélo d'ici à la fin de son mandat. Les Parisiens plébiscitent cette politique, mais, concrètement, plus de la moitié des véhicules qui circulent dans leur ville à l'année sont immatriculés ailleurs.

L'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) dispose de nombreuses données sur les mobilités. Entre 2018 et 2022, se félicite l'Apur, le parc de voitures individuelles a baissé : 35 000 unités en moins dans le grand Paris, périmètre couvrant 131 communes et 7,2 millions de personnes. Sur près de 3 millions de véhicules, c'est peu. De plus, dans le même temps, les flottes d'utilitaires légers, de poids lourds et d'autobus ont augmenté respectivement de 16 373, 2 442 et 6 082 véhicules. Bilan, le nombre de moteurs en service dans le Grand Paris est quasiment stable (– 0,34 % en quatre ans).

Pour réduire drastiquement la consommation de carburant à l'échelle de la métropole, il faudra attendre l'électrification massive des motorisations. Le Grand Paris entend bannir les moteurs thermiques en 2030. Un calendrier très ambitieux. Comme en convient l'Apur, « du fait du manque de véhicules dédiés sur le marché, l'électrique n'est pas encore perçu comme une solution pertinente » pour les professionnels…

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Commentaires (10)

  • Morrigane Banshee

    Je m’étonne que les municipalités n’aient pas encouragé voire rendu obligatoire l’utilisation du vélo aux Parisiens pour que les métros soient moins bondés pendant les JO… Du genre : « Allez messieurs, dames les Parisiens montrez l’exemple voyons ! Montrez à ces touristes que nous sommes une capitale dynamique… ! Faites tous et toutes un effort… physique pour une fois ! Tant que vous n’écrasez pas mes supermulots, tout ira bien… Oui, oui ce sont des surmulots mais dopés : même eux ils participent… ! Au dépistage.  » Ou encore : « Chaque parisien qui prendra son vélo pendant les JO aura droit à un bon d’achat chez LaDurée ! Ah, mais un petit macaron, faut pas pousser non plus ! Bon, c’est pas tout, mais il faut que j’aille prendre mon jet privé pour Tahiti à vos frais » Je précise, c’est de l’humour !

  • porsche911

    Que tous ces travaux ecolo seront detruits dans 2 ans. Je suis impatient de retrouver Paris tel quelle aurait du toujours restée. Belle et attrayante.

  • Damnad

    Non les parisiens ne plébiscitent pas cette politique anti-voiture comme vous l'écrivez dans votre article... ! Les Parisiens ne supportent plus Hidalgo et le récent vote truqué pour permettre à la ville de Paris de multiplier par 3 les tarifs de stationnement sur les SUV n'a été gagné qu'avec 3 000 voix d'écarts... J'aurais adoré qu'ils perdent ce vote, ça aurait été un cataclysme pour cette équipe qui se croit tout permis et surtout d'interdire aux parisiens et aux autres de circuler à Paris !