WEC 2024 : parce qu’il n’y a pas que la Formule 1 dans la vie

En parallèle du premier Grand Prix de F1 de la saison s’ouvre le Championnat du monde d’endurance. Avec de très sérieux arguments à faire valoir. Présentation.

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À l'instar de la sublime Ferrari 499P, ce ne sont pas moins de 19 Hypercars qui se battront pour la victoire, cette année, en championnat du monde d'Endurance.
À l'instar de la sublime Ferrari 499P, ce ne sont pas moins de 19 Hypercars qui se battront pour la victoire, cette année, en championnat du monde d'Endurance. © FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse

Temps de lecture : 7 min

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Passionnés de la première heure ou nouveaux venus, c'est un grand week-end de sport automobile qui s'annonce. Ce n'est pas un, mais bien deux championnats majeurs qui redémarrent.

Il y a l'incontournable Formule 1, bien sûr, et le premier Grand Prix de la saison à Bahreïn. Mais aussi le championnat du monde d'Endurance, plus connu par son acronyme WEC (World Endurance Championship), pour lequel comptent les 24 Heures du Mans, épreuve que l'on ne présente plus.

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À LIRE AUSSI 24 Heures du Mans et Formule 1 : même combat ? Si le WEC évolue dans l'ombre de la catégorie reine qu'est la F1, dont la popularité n'a jamais été aussi élevée, il possède de très sérieux arguments pour conquérir de nouveaux fans.

Un record de constructeurs

Relancé sous cette forme et cette dénomination en 2012, le championnat du monde d'Endurance a connu une première décennie pour le moins chahutée, ayant un temps été déserté par presque tous les constructeurs de premier plan. Un lointain souvenir, tant le WEC a finalement trouvé sa formule gagnante.

Déjà engagée en F1, l'écurie française Alpine concourt aussi au sommet de l'Endurance cette année.
 ©  FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse
Déjà engagée en F1, l'écurie française Alpine concourt aussi au sommet de l'Endurance cette année. © FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse

Alors que 2023 a vu le retour de célèbres noms du sport automobile, la saison 2024 qui débute cette année au Qatar fait encore mieux : ce sont ainsi quatorze constructeurs qui vont prendre le départ dans les deux catégories que compte désormais la discipline, dont neuf rien que pour les Hypercars, au sommet de la discipline.

« On a les plus grands constructeurs de la planète, en tout cas les plus prestigieux », se targue Frédéric Lequien, directeur général du championnat. « On a fait quelques vérifications : ce n'est jamais arrivé dans l'histoire du sport automobile. »

Aux grands noms que sont Ferrari, Toyota, Cadillac, Peugeot et Porsche engagés l'an passé au premier plan s'ajoutent Alpine, BMW et Lamborghini. L'écurie Isotta Fraschini est également de la partie, tandis que Glickenhaus et Vanwall se sont retirés. Ce sont ainsi 19 Hypercars qui prendront le départ.

« Les plus belles voitures du monde »

Mais comment expliquer un tel engouement ? « Tout part d'un bon règlement technique », répond notre interlocuteur. En le simplifiant, en limitant drastiquement les coûts, en offrant plusieurs solutions aux marques intéressées par la vitrine extraordinaire que représente le sport automobile, l'Endurance est redevenue séduisante. Avec un atout de taille : la liberté.

« Sur la partie aéro, les constructeurs sont très libres, souligne le patron du WEC. On peut construire une voiture de course qui non seulement atteint des objectifs de performances qui sont très élevés, mais qui permet aussi au marketing de la marque de s'en mêler. Chaque voiture qui représente un constructeur a une vraie identité en termes de carrosserie, de look. »

À LIRE AUSSI 24 Heures du Mans, WEC : Hypercars, LMP2, GT… Le guide pour s'y retrouverMême s'il s'agit de prototypes qui ne rouleront jamais sur les routes de Monsieur Toutlemonde, l'amateur qui découvre pour la première fois une 499P reconnaît en un coup d'œil une Ferrari. Pareil pour la 963 de Porsche ou la 9x8 de Peugeot, aux lignes redoutables. « On a les plus belles voitures du monde », répète à l'envi Frédéric Lequien.

Une Porsche 911 GT3 aux côte de l'une des deux Peugeot 9x8 allignées cette année au WEC.
 ©  FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse
Une Porsche 911 GT3 aux côte de l'une des deux Peugeot 9x8 allignées cette année au WEC. © FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse

La catégorie inférieure, celle des GT, n'est pas en reste. « Ce sont des voitures que l'on pourrait voir dans la rue, mais qui sont "bodybuildées", qui sont transformées pour la compétition », aime à résumer celui qui a pris les rênes du WEC en 2021.

Les LM GTE laissent place aux GT3

Représentées par des LM GTE (pour Le Mans Grand Tourisme Endurance) pendant des années, ces dernières font place aux LM GT3. Un changement surtout technique et sans grande conséquence aux yeux des spectateurs, qui permet l'arrivée de nouveaux constructeurs. Ici, 18 voitures représenteront Aston Martin, BMW, Corvette, Ferrari, Ford, Lexus, Lamborghini, McLaren et Porsche.

Au total, ce sont donc 37 bolides qui composent la grille du WEC. Avec une conséquence : la disparition des LMP2, faute de place sur les circuits empruntés. Une catégorie qui reviendra à l'occasion des 24 Heures du Mans, où le nombre de participants est toujours plus important.

Avec une telle production, encore faut-il pouvoir s'appuyer sur une bonne mise en scène pour assurer un spectacle digne de ce nom. Et là aussi, le championnat du monde d'Endurance répond présent.

Pour éviter qu'une écurie écrase toutes les autres, un système de fenêtre de performance est mis en place. Si une voiture est trop rapide, les instances dirigeantes interviennent pour la remettre au niveau des autres. Pareil si l'inverse se produit. Au bout du compte, la meilleure voiture le restera, mais elle devra quand même se battre pour s'imposer. En théorie tout du moins.

Valentino Rossi, Mick Schumacher, Jenson Button…

Reste à évoquer les acteurs. Contrairement à la F1 où le pilote est roi, trois conducteurs se partagent un volant au Mans et dans les autres courses du WEC. Le nombre de protagonistes est autrement conséquent et diversifié, entre ceux qui ont fait toute leur carrière en Endurance et les transfuges d'autres disciplines.

Champion du monde de Formule 1 en 2009, Jenson Button a rejoint le Hertz Team Jota en 2024. Il roulera sur une Porsche 963.
 ©  FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse
Champion du monde de Formule 1 en 2009, Jenson Button a rejoint le Hertz Team Jota en 2024. Il roulera sur une Porsche 963. © FIAWEC - DPPI - Julien Delfosse
Là aussi, la saison 2024 a de quoi en mettre plein la vue. Jenson Button, champion du monde 2009 de Formule 1, rejoint à temps plein le WEC, et pilotera une Porsche pour Hertz Team Jota. Mick Schumacher, fils de la légende Michael, portera haut les couleurs de l'écurie française, Alpine. Engagé lors de neuf saisons complètes en catégorie reine jusqu'au crash effroyable qui a failli lui coûter la vie, Romain Grosjean fera son retour au Mans au volant d'une Lamborghini.

« On a aussi le plus grand champion de moto de tous les temps, Valentino Rossi, qui va rouler chez BMW, en GT », se félicite le directeur général du WEC. Autant de stars qui viennent gonfler un plateau déjà très solide.

Le niveau de pilotage en championnat du monde Endurance est extrêmement élevé.Frédéric Lequien, directeur général du WEC

« C'est toujours délicat de souligner ou d'applaudir des deux mains l'arrivée de pilotes de "notoriété", poursuit l'organisateur. Il ne faut pas oublier ceux qui évoluent dans notre championnat du monde depuis des années et qui font partie des plus grands pilotes de la planète. Le niveau de pilotage en championnat du monde Endurance est extrêmement élevé. »

Aston Martin alignera des Hypercars en 2025

Nouvelle preuve, s'il en est, que le WEC a changé de dimension : « Quand vous discutiez avec des jeunes pilotes, il y a encore trois ans, ils ne rêvaient que de F1. Aujourd'hui, c'est toujours l'objectif premier, mais l'Endurance c'est le deuxième rêve. Ils rêvent d'aller en Hypercar. » Qui dit plus de constructeurs et plus de voitures, dit ainsi plus d'opportunités pour les jeunes loups.

La saison 2024 démarre à peine que d'aucuns se penchent déjà sur l'année prochaine. Au plateau décrit plus haut s'ajoutera un nouveau nom de choix, avec l'arrivée d'Aston Martin parmi les Hypercars. Une bonne nouvelle de plus, qui promet un avenir radieux pour la discipline ? Là-dessus, Frédéric Lequien préfère garder la tête froide : « Je ne suis pas pour empiler les chiffres. »

« C'est remarquable, poursuit-il. Mais on peut aussi se poser la question de se dire ce n'est pas un objectif en soi d'avoir une grille avec autant de constructeurs. L'histoire nous montrera qu'on ne sera pas en capacité de tous les garder. Parce qu'il y a toujours un gagnant et un perdant. Ce sont des cycles. L'important, c'est que l'on puisse continuer à vendre du rêve, peu importe que ce soit avec un constructeur de plus ou de moins. »

Une autre approche du sport automobile

Alors bien sûr, ce n'est pas à la portée de tout le monde de suivre une course d'Endurance, de très longues heures durant. Et à certains égards, cette discipline peut être comparée au rugby ou au football américain : plus on s'y intéresse, plus ça devient compliqué, tant les règles sont nombreuses.

Il n'en reste pas moins un sport fascinant, où l'on se prend très vite à scruter les différentes stratégies, à observer les pilotes qui performent et ceux qui craquent. Une simple erreur pouvant ruiner les efforts de toute une équipe.

À LIRE AUSSI 24 Heures du Mans : le défi de la sécuritéComment ne pas être admiratif des ingénieurs qui mettent au point ces bijoux de technologie, dont les avancées ont bénéficié aux voitures du monde entier au fur et à mesure de l'histoire ? À prier pour la fiabilité des mécaniques malmenées, et pour les nerfs des mécaniciens chargés d'importantes réparations en des temps record.

Sans être un rival de la Formule 1 – prétention que le championnat du monde d'Endurance n'a jamais eue –, le WEC a le mérite de proposer une autre vision du sport automobile, plus humaine et accessible. De quoi séduire les nouveaux fans de F1, dont les rangs ont grossi ces dernières années ?

Le calendrier 2024 du Championnat du monde d'endurance :

  • Qatar (1 812 km du Qatar, sur le circuit de Losail) – 2 mars 2024
  • Italie (6 Heures d'Imola) – 21 avril 2024
  • Belgique (6 Heures de Spa-Francorchamps) – 11 mai 2024
  • France (24 Heures du Mans) – 15 et 16 juin 2024
  • Brésil (6 Heures de São Paulo) – 14 juillet 2024
  • États-Unis (Lone Star Le Mans, à Austin) – 1er septembre 2024
  • Japon (6 Heures de Fuji) – 15 septembre 2024
  • Bahreïn (8 Heures de Bahreïn, sur le circuit de Sakhir) – 2 novembre 2024
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Commentaires (4)

  • Titgamin

    Le problème de l'endurance, c'est la longueur des épreuves.
    Comment entretenir l'intérêt pendant 6, 8, ou 24 h.
    Pourtant, ce sont des courses magnifiques, un véritable sprint prolongé.
    Il faudrait peut-être comme en indycar ou en nascar des départs multiples ou des relances après chaque incident.
    Sinon le plateau devient de plus en plus alléchant et excitant.
    De même la multiplicité des plateaux est intéressante.
    On verra à l'usage

  • BOCITRON

    Un nombre trop important de participants risque fort de provoquer des accidents regrettables pour le déroulement des compétitions mais surtout des pilotes.
    2 véhicules par équipe,
    équipes et non constructeurs (je pense à un brillant ancien : Pescarolo)
    supports financiers des équipes... Ceux que l'on voir partout

    Comment maitriser tous ces aléas parfois néfastes :?
    Je lis... Interventions pour éviter la suprématie de l'un (ou des uns)
    et la faiblesse excessive des autres
    ?

    Hors cela, et en plus de cela : comment comprendre aussi
    les compétitions réservées aux véhicules électriques ?

    C'est trop

  • Stopàlintox

    No comment !