L’automobile française s’enfonce dans le grand âge

Selon que l'on est optimiste ou pessimiste, on pourra interpréter de deux façons différentes les statistiques portant sur l'âge du parc automobile français. Les premiers avanceront que la fiabilité des modèles allant en progressant, elle incite à une conservation prolongée avant de les envoyer à la retraite. Les seconds argumenteront sur le pouvoir d'achat déjà fragilisé des ménages, confrontés à la hausse constante du prix des voitures neuves. Elle les pousse à rouler plus longtemps avec leur vieille voiture, « tant qu'elle marche ».

En 2023, rapporte Mobilians, l'âge moyen des voitures particulières s'est établi à 12,5 ans alors qu'il était de 11,2 ans en 2014. Pas vraiment un progrès, même si les modes de consommation actuels ont évacué l'idée naguère abordée de la « voiture à jeter ». « Avec 58,7 % de véhicules âgés de plus de 10 ans – et près de 75 % de véhicules âgés de plus de 7 ans –, le constat du vieillissement du parc automobile est indéniable, mettant en avant la nécessité d'une maintenance préventive, avance Mobilians, acteur majeur de l'après-vente et du contrôle technique. Les taux de contre-visites l'attestent : plus le véhicule est âgé, plus le taux de contre-visite augmente.

Une voiture sur quatre de plus de dix ans en défaillance critique

« Les véhicules particuliers de moins de 4 ans ont un taux de contre-visite de 4,2 % (dont déjà 0,14 % en défaillance critique), ce résultat culmine à 25 % pour les véhicules âgés de plus de 10 ans. » Maintes fois dénoncée dans ces colonnes, la paupérisation du parc automobile français s'aggrave et ne devrait pas connaître de pause avec les incitations gouvernementales à la conversion électrique.

Dernier exemple en date, la toute nouvelle R5 électrique présentée au Salon de Genève commence au tarif de 25 000 euros (hors bonus). En 1972, la R5 de base était affichée à 9 740 francs, soit 10 874 euros de 2023 (conversion euros constants de l'Insee). Et ceux qui, malgré tout, sautent le pas de l'électrique conservent, par sécurité, leur vieille thermique qui peut toujours rendre service avant d'être peut-être vendue à un automobiliste dans la nécessité. Cela explique que si les contre-visites concernent 19,45 % de l'ensemble des véhicules examinés, on relève un taux de 0,74 % de défaillances critiques qui nécessitent une réparation immédiate.

Cette situation découle des mêmes difficultés financières rencontrées par une frange d'usagers incapables d'assurer une maintenance régulière ou peu enclins à en faire une priorité. Cela entraîne un risque accru d'accident alors que le contrôle technique vise justement à éliminer les épaves roulantes. En dépit du cadre réglementaire rigoureux et des lourdes sanctions qui peuvent, en cas de délivrance d'un certificat de complaisance, frapper les contrevenants, un certain nombre de véhicules défaillants obtiennent encore, par convenance sociale, leur visa pour la route.

Cependant, le contrôle technique s'avère globalement fiable. « Les résultats du contrôle technique des véhicules poids lourds mais également des véhicules légers à réglementation spécifique démontrent que plus les véhicules sont contrôlés régulièrement, moins ils présentent de défaillances », assure Mobilians. En 2023, 26 917 860 contrôles techniques ont été effectués (+ 5,61 % qu'en 2022), dont 19 456 481 pour des véhicules particuliers, 2 738 922 pour des utilitaires légers, 198 612 pour des véhicules soumis à réglementation spécifique et 45 202 véhicules immatriculés en collection. Et ces derniers scrupuleusement entretenus par des propriétaires concernés se situent parmi les bons élèves du contrôle technique.