Voiture électrique : pourquoi la motivation vacille

En décrétant la fin du moteur thermique, l’Europe a déclenché un tourbillon d’effets négatifs qui vont servir d’argumentaire lors des élections de juin.

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La hausse du prix de l'électricité va également impacter le coût de la recharge, présentée naguère comme quasi gratuite. 
La hausse du prix de l'électricité va également impacter le coût de la recharge, présentée naguère comme quasi gratuite.  © DR

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Alors qu'elle croyait avoir définitivement passé au vert, l'automobile électrique voit désormais clignoter un feu orange au bout de son capot. Avec une échéance majeure, celle des élections européennes (8 et 19 juin), qui pourraient, selon les observateurs, tout remettre en cause. En effet, le PPE, un grand parti de centre droit au Parlement européen (25 % des sièges), se dit déterminé, selon son président Jens Gieseke, à réviser l'échéance de 2035 pour la fin du moteur thermique sur le Vieux Continent. Il estime probable, non sans raison, une « cubanisation » des derniers véhicules thermiques, qui seraient maintenus sous perfusion permanente, comme les américaines d'avant 1961 à La Havane.

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Peut-être animé par les constructeurs automobiles et équipementiers, notamment allemands, le PPE pense en faire un axe majeur de la prochaine campagne électorale. Après avoir retoqué la norme Euro 7 le mois dernier, « chaque citoyen, juge-t-il, devra examiner dans le détail le programme des partis en lice et vérifier la ligne de conduite qu'il tiendra entre thermique et électrique ». Une recommandation qui a déjà l'adhésion des droites européennes.

De nombreux membres du Parlement européen s'alarment de la possible « cubanisation » des voitures thermiques existantes et prolongées au-delà du raisonnable pour des motifs économiques. 
 ©  DR
De nombreux membres du Parlement européen s'alarment de la possible « cubanisation » des voitures thermiques existantes et prolongées au-delà du raisonnable pour des motifs économiques.  © DR

L'erreur, à coup sûr, a été d'opposer une technologie à l'autre alors qu'elles auraient dû évoluer de manière complémentaire. Sans interdire l'une, sans pousser exagérément l'autre, il fallait jouer une transition écologique progressive en laissant le marché arbitrer. Au lieu de cela, on assiste à un diktat réglementaire voté par des politiques peu « au courant » des réalités industrielles. Un « tsunami de règles et de restrictions » infligé d'un trait de plume à une industrie par nature peu flexible, victime du lobbying effréné des partis verts à Bruxelles.

Conséquences de cela, on a imposé une mue profonde aux constructeurs européens qui coûte des milliards d'euros, tout en déroulant un tapis rouge comme le drapeau chinois aux nouveaux dragons entièrement voués à l'électrique. La semaine dernière, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a pronostiqué un « bain de sang » résultant de ces décisions hasardeuses et de la guerre des prix qu'ont lancée les Chinois. Une enquête européenne a même été diligentée pour aller examiner les comptes des constructeurs locaux. À condition qu'ils ouvrent leurs livres aux inspecteurs venus d'ailleurs, mais, dans ce domaine, l'expérience du Covid laisse déjà perplexe. Il s'agit de déceler si des aides gouvernementales indues ont été accordées à ces nouvelles têtes de pont.

La méthode Trump

Après les smartphones, l'électroménager, l'électronique grand public, les panneaux solaires, les ordinateurs, l'automobile chinoise a le vent en poupe et devient le nouveau vecteur d'invasion. BYD vient de passer numéro un de la voiture électrique dans le monde, devançant Tesla sur son pré carré et provoquant le premier mouvement alarmiste de la part d'Elon Musk. MG (groupe SAIC) fait une progression des ventes à trois chiffres en partant mi-2020 de zéro. Mais vendre près de 35 000 voitures en 2023 à des Français montre bien comment, en cassant les prix sur des modèles déjà compétitifs, les Chinois vont jouer les coucous dans le nid de Volkswagen, Peugeot, Renault et des autres.

À LIRE AUSSI Pollution automobile : pourquoi l'amélioration des moteurs n'a rien changé

Un autre critère électoral devrait intervenir lourdement : celui de l'élection présidentielle américaine, le 5 novembre prochain. Si Donald Trump était élu, celui dont les sympathies vont au Texas plutôt qu'à la Californie, au gros pick-up V8 plutôt qu'à la compacte électrique, devrait chambouler les jeux respectifs. L'Europe ou la Chine sont une chose, les ventes de voitures « made in USA » de technologie classique avec des prix attractifs inatteignables par les Chinois en sont une autre. La réplique est basique mais efficace. Devant les freins à l'utilisation aisée d'une voiture électrique et le brouillard sur son coût réel en dépit d'aides indécentes qui devraient disparaître, l'Europe peut se préparer à une possible volte-face. Bonne raison pour les constructeurs historiques de ne pas tirer un trait définitif sur la voiture thermique, qui sera toujours autorisée, au-delà de 2035, hors du Vieux Continent.

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Commentaires (35)

  • Clipma

    J'ai eu une Yaris Hybride pendant deux ans. Revendue, hélas, par besoin d'argent.
    Et je peux vous assurer que je n'ai jamais rencontré une voiture aussi agréable à conduire, et qui consomme très peu. Depuis, je pleure tous les jours ma petite Bleue !

  • vonitsan

    Commentaires à l'image des décisions prises par les technocrates ! Comment ne pas d'abord s'assurer de produire de l'électricité propre et bon marché ? On a mis la charrue avant les bœufs, on oblige à relancer des centrales à lignite ! Pas pour rien que Toyota vend comme des petits pais ses hybrides,

  • dutch1

    On reçoit des messages contradictoires. Certains articles laissent entendre que la voiture électrique se vend très bien... Où est la vérité?!

    Personnellement je n'y ai jamais cru... Tant qu'il y aura du pétrole, et il y en aura longtemps. Rien ne vaut la souplesse d'utilisation du thermique.